"Un cahier des charges est en cours d'élaboration. Un marché de la voiture d'occasion sera créé", a annoncé le ministre de l'Industrie et des Mines. Moins de quinze jours après l'annonce, par le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, de la levée d'interdiction d'importer les véhicules de moins de trois ans, le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, est sorti, hier, de sa réserve pour affirmer que cette question n'a jamais été à l'ordre du jour et qu'il n'était pas question de laisser les particuliers et/ou les concessionnaires importer ce genre de voitures. Contactée par nos soins, une source proche du Parlement nous a indiqué que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a interpellé le ministre du Commerce sur cette annonce qui a créé un impact médiatique sans précédent. En marge de l'inauguration du Salon international de la récupération et de la valorisation des déchets à Alger, M. Bouchouareb a justifié le maintien de l'interdiction de l'importation de véhicules d'occasion par le fait que "le marché local recèle déjà un grand potentiel de véhicules d'occasion qui demande à être organisé et qu'il n'y a donc pas besoin d'importer ce genre de véhicules". M. Bouchouareb a expliqué, en outre, que l'Algérie aura beaucoup à gagner en instaurant un marché structuré des véhicules d'occasion. Il dira, en ce sens, "qu'un cahier des charges est en cours d'élaboration. Des équipes sont en train de travailler dessus et on annoncera ses conditions dès qu'il sera prêt (...) À travers ce prochain cahier des charges, un marché de la voiture d'occasion sera créé". Aux yeux du ministre de l'Industrie et des Mines, l'organisation du marché des véhicules d'occasion à travers un cahier des charges "vise à instaurer la traçabilité et la sécurité (...) Il y aura des spécialistes qu'on va orienter et qui vont s'impliquer. Ainsi, lorsqu'un client veut acheter un véhicule, il aura la traçabilité et un minimum de garantie pour sa sécurité et son intérêt financier, tout comme on le fait pour les véhicules neufs", non sans préciser que ledit cahier des charges va déterminer tous les aspects liés à l'implication des concessionnaires dans ce marché estimé à plus de 800 000 unités, soit près de 8 milliards de dollars US. Sans donner trop de détails, que ce soit sur la composante des équipes qui élaborent ce cahier des charges, notamment l'implication des concessionnaires, ou la nature de ce marché totalement livré à la spéculation depuis la nuit des temps, M. Bouchouareb rejoint l'attitude de Sellal qui a interpellé le ministre du Commerce sur "sa fausse interprétation de la loi de finances 2017 en annonçant une telle décision", explique encore notre source. Contactés par nos soins, les professionnels de l'automobile en Algérie ont été unanimes à "saluer le courage et la décision du gouvernement à vouloir assainir le marché de l'occasion local et à maintenir l'interdiction des importations des véhicules de moins de trois ans. On gagnera plus si on organise le parc national automobile (PNA) qui vieillit davantage, on créant des emplois et en stabilisant les prix pour permettre l'accessibilité des citoyens à la voiture". FARID BELGACEM