Beaucoup de pays ont changé de cap en matière de politique économique afin d'assurer la stabilité macroéconomique, augmenter les investissements et améliorer la productivité. La diversification est devenue une priorité au sein des pays exportateurs de produits de base qui ont lourdement pâti de la chute des cours des matières premières, notamment le pétrole, sur les marchés internationaux. C'est l'un des constats établis par des experts lors de la réunion du groupe G24, consacrée à la croissance inclusive et durable à laquelle a pris part, mercredi dernier, le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi. L'Algérie n'échappe pas à ce verdict pour lequel le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) préconisent des politiques permettant de stimuler la croissance et de garantir la stabilité macroéconomique. Selon les conclusions de la BM, l'Algérie semble être sur la bonne voie en dépit du contexte de crise économique. Dans son rapport sur la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord), la BM estime que l'Algérie a réussi à maintenir "une croissance économique respectable", malgré la chute des cours du pétrole qui a réduit ses revenus à l'exportation. Cette performance a été réalisée "malgré les dommages causés à l'économie par la baisse des prix du pétrole", relève cette institution. Durant la première moitié de l'année 2016, "l'Algérie a maintenu une croissance relativement forte à 3,6% sur 12 mois, soutenue par la récupération progressive de la production d'hydrocarbures qui est venue atténuer la croissance plus lente du secteur hors hydrocarbures", précise la BM. La production d'hydrocarbures a connu une croissance de 3,2% durant le premier semestre de l'année 2016, en hausse de 0,8% par rapport à la même période en 2015, alors que la production hors hydrocarbures a ralenti de 5,1% au premier semestre 2015 à 3,8% actuellement. Ce ralentissement est dû à un affaiblissement de la croissance dans le secteur de l'agriculture ainsi que dans d'autres industries. Cette note acceptable de la BM ne doit pas cacher toutefois les observations importantes émises par Bretton Woods. Pour celle-ci, le maintien de la croissance en Algérie "s'est fait au prix de l'élargissement du déficit budgétaire, qui a plus que doublé en 2015 pour atteindre 16,2%", tout en relevant les difficultés rencontrées pour mettre en place un assainissement budgétaire. Cela étant, les prévisions de la BM pour 2017 et 2018 indiquent que la hausse significative de la production d'hydrocarbures et l'ouverture de nouveaux puits de pétrole vont atténuer l'impact négatif du déclin prévu des prix du pétrole sur les secteurs non pétroliers réels. Les mêmes projections affirment que le déficit budgétaire devrait rester élevé, à environ 13,2% du PIB en 2016, mais devrait se réduire à 8% du PIB en 2018, alors que les prix bas du pétrole pèseront sur les recettes fiscales. Cnuced : "Rebond des IDE vers l'Algérie en 2016" La BM s'attend à ce que le déficit soit financé par l'émission de nouvelles dettes avec l'épuisement de l'épargne budgétaire du Fonds de régulation des recettes qui servait jusqu'ici à combler ce déficit. Le FMI a abondé dans le même sens et a anticipé, mercredi dernier, une réduction progressive du déficit budgétaire de l'Algérie durant les cinq prochaines années. Mieux, la Conférence des Nations unies sur le commerce et l'investissement (Cnuced) a prévu un rebond des flux d'investissements directs étrangers (IDE) en 2016 vers notre pays grâce au changement de cap en matière de politiques d'investissement. Dans son enquête sur les tendances d'investissements de par le monde, publiée jeudi, l'organisation onusienne souligne que "la libéralisation des régimes d'investissement et la privatisation des actifs appartenant à l'Etat devraient donner un coup de pouce aux IDE" entrant en Afrique, citant en cela l'exemple de l'Algérie. Le changement de cap en matière de politiques d'investissement et la reconfiguration du capital des entreprises d'Etat devraient, souligne la Cnuced, aider l'Algérie à drainer plus d'IDE. La Cnuced s'attend à une hausse des flux à destination de l'Algérie avec la cession d'actions dans 20 champs pétroliers et gaziers, projetée par le groupe Sonatrach. B. K.