Obstacles Le développement des énergies renouvelables accuse un important retard en Algérie en dépit d'un potentiel solaire le plus important au monde. Encore une fois, à l'origine, une erreur de casting. Le choix de Sonelgaz comme pilote de l'exécution du programme des énergies renouvelables (ENR) par le ministre de l'époque a freiné son démarrage. Empêtrée dans des difficultés de financement de son programme de production, de transport et de distribution, la compagnie ne pouvait faire face à une nouvelle mission qu'elle ne maîtrisait pas d'ailleurs, faute d'expérience.
Aujourd'hui, trois ans après le lancement du programme, les résultats s'avèrent très modestes : une production de 400 MW à partir des énergies renouvelables. Au bilan, surtout l'absence de stratégie claire, des difficultés de financement et une réglementation à parfaire. Il a fallu que le chef de l'Etat érige en priorité nationale le développement des énergies renouvelables pour que le gouvernement envisage d'accélérer le processus. Dans la foulée, le nouveau ministre de l'Energie est en train de mettre en place une nouvelle stratégie de développement des énergies renouvelables avec comme exigence le partenariat avec des compagnies étrangères en vue de la fabrication sur place des équipements destinés à des centrales solaires ou éoliennes. En clair, dans des partenariats pour des projets de réalisation de centrales photovoltaïques par exemple, il convient d'associer des partenaires dans la fabrication d'équipements pour ces centrales, disposés à fabriquer sur place ces éléments. La logique sous-jacente à cette démarche est que le programme des ENR ne peut réussir sans un affranchissement de la dépendance à l'égard de l'importation d'équipements et de pièces destinés à ce secteur. Nouveauté de cette démarche : le ministre de l'Energie veut impliquer Sonatrach dans le développement des énergies renouvelables. Comme les grandes compagnies pétrolières ENI ou Total qui investissent dans ce créneau, la compagnie nationale devra se redéployer dans cette activité qui assure son avenir à long terme. Dans cette stratégie, on offre la garantie de Sonatrach aux partenaires étrangers –comme ce le fut pour les usines de dessalement – pour les inciter à investir dans des projets de production d'électricité à partir du renouvelable. Mais pour que ces projets soient réalisés rapidement, il convient de lever des obstacles importants : la bureaucratie qui freine actuellement les initiatives privées dans ce domaine, la flexibilité du ministère de l'Energie par rapport à des projets en voie de lancement bloqués par la nouvelle réglementation en voie d'être mise en place, la disponibilité d'une ingénierie financière capable de monter des projets qui peuvent être financés par la COP 21 ou des financements en project-financing. Ce programme nécessite également au préalable un débat sur cette stratégie entre autorités du secteur, spécialistes, entrepreneurs, chercheurs, économistes, financiers, sur le choix de filière, notamment les limites du photovoltaïque et des centrales solaires thermiques (CSP), les sources de financement du programme. Il convient aussi de rappeler que le programme de développement des ENR a également pâti de l'absence de suivi de son exécution par les hautes autorités du pays. Une structure de suivi de ce programme placée sous l'autorité du Premier ministre ou du chef de l'Etat s'avère nécessaire. Une fois toutes ces conditions réunies, on peut alors s'attendre à un développement rapide des énergies renouvelables en Algérie.