Une semaine après les Etats-Unis, l'Allemagne a annoncé, via son ambassadeur à Niamey, la construction d'une base militaire aérienne au Niger, officiellement, pour appuyer ses soldats engagés dans la mission de l'Onu (Minusma) au Mali. "Avec l'établissement d'une base militaire allemande pour le transport aérien à Niamey (...), un autre chapitre de notre coopération est ouvert avec le Niger", a déclaré la fin de semaine dernière le diplomate allemand au Niger, Bernd Von Münchow-Pohl, assurant que son pays "est prêt à s'engager davantage dans la région du Sahel". Voilà donc, la messe est dite, en toute diplomatie. Berlin ne veut pas rester à la traîne dans le jeu d'influence et veut s'assurer une place de choix dans le Sahel, sur le plan militaire, aux côtés de Paris et de Washington. Et le Niger semble devenir un véritable "hub" pour les puissances occidentales, affolées par une présence chinoise significative sur le continent africain. L'annonce intervient à la veille de la tournée africaine de la chancelière allemande Angela Merkel qui commence aujourd'hui par le Mali et s'achèvera en Ethiopie, où elle doit se rendre au siège de l'Union africaine à Addis-Abeba. Mme Merkel va donc aborder la question dite de la coopération militaire au Mali, un pays où Berlin compte augmenter ses effectifs au sein de la Minusma d'ici à quelques mois. Actuellement, l'Allemagne dispose de 251 soldats au sein de la mission onusienne. Ce nombre passera à 650, a promis Merkel qui, lors de sa tournée, compte convaincre les pays africains à adopter son plan de lutte contre le terrorisme, un problème générateur, entre autres, d'un incontrôlable flux de réfugiés et de migrants en partance vers l'Europe. Mais ce déploiement militaire allemand va au-delà d'une simple participation à la lutte contre le terrorisme et la crise migratoire. Les enjeux dépassent de loin ces questions. La démonstration est déjà faite par la France et les Etats-Unis qui ont dépensé des sommes astronomiques et déploient de plus en plus de ressources humaines dans cette zone du continent africain. La semaine dernière, le site spécialisé américain The Intercept a révélé des informations sur la construction d'une nouvelle base américaine à Agadez, dans le nord du Niger pour un coût de 100 millions de dollars. Le Pentagone a confirmé cette information, expliquant que la base en question offrira à l'armée américaine une meilleure flexibilité et possibilité d'opérer en Libye, au Mali et au Nigeria, trois pays voisins du Niger où les groupes terroristes pullulent et posent une sérieuse menace d'instabilité sécuritaire à grande échelle. Les Etats-Unis disposent déjà d'une grande base militaire à Djibouti, dans l'ancien site de leur homologue français. Le Pentagone aurait déployé plus de 5 000 hommes à travers tout le continent africain, mais ne compte pas en rester là. L'Afrique est devenue un terrain de lutte géopolitique important. Outre ses ressources naturelles, elle capte en ce début de XXIe siècle l'intérêt des grandes puissances économiques qui, chacune, espère avoir sa part du marché de la consommation. Lyès Menacer