La Bibliothèque nationale d'El-Hamma, Alger, a abrité, ce dimanche, le 1er colloque international sur Isabelle Eberhardt. Initiée par l'Union des écrivains algériens, à travers sa section locale de Naâma dirigée par monsieur Ahmed Bencherif, cette rencontre a vu la présence des ambassadrices de Suisse et d'Autriche, du directeur de la bibliothèque, de nombreux enseignants chercheurs et quelques férus de lecture et curieux -rarement des étudiants- venus en savoir plus sur ce mystérieux personnage qu'était Isabelle Eberhardt ; ce Mahmoud Saâdi qui avait plus d'un tour dans son sac. Mme Muriel Berset Kohen, ambassadrice de Suisse, a pris la parole pour faire un petit rappel biographique de cette "Isabelle la Genevoise", l'auteure qu'elle aimait tant lire dans sa jeunesse et qu'elle a retrouvée avec émotion dès son arrivée en Algérie grâce à un article de presse, puis en suivant la fougue d'un certain Ahmed Bencherif qui ne cesse de multiplier les efforts pour redonner vie à cette "intellectuelle engagée", comme il le fera remarquer dans son intervention en tentant de dévoiler quelques facettes de son engagement, et en niant catégoriquement ces accusations infondées : "la ridicule accusation d'espionne à l'encontre d'Isabelle Eberhardt relève déjà sur un élément biographique du fantasme...". Il s'agissait dans ce colloque de revisiter les œuvres de cette auteure "mystique", "soufie", "controversée", à travers plusieurs interventions dont celles de Mme Hadouche, Leïla de l'université d'Oran, qui s'est intéressée à l'Islam dans la vie et l'œuvre d'Eberhardt, thème qu'elle abordait souvent dans ses correspondances avec Ali Abdul Wahab, "La prodigieuse mobilité de ma nature (...) me fait souffrir et je n'y connais d'autre remède que la contemplation muette de la nature, loin des hommes, face à face avec celui qui n'a rien créé de mal, et qui est, en somme, le seul et unique refuge des âmes en détresse... » ; de Mme Chetouani Noura de l'université de M'sila, qui abordera le désert sous le regard de l'auteure ; de Mohamed Rochd qui parlera d'Isabelle la musulmane qui écrit : "Pour moi, la vie a acquis un sens depuis le jour où je sais que notre passage ici-bas est un acheminement de la perfectibilité humaine vers une autre vie..." ; de Ouisa Galèze, qui traitera du soufisme au féminin en se permettant, à juste titre d'ailleurs, un parallèle avec deux autres illustres figures féminines de notre Histoire, à savoir, Lalla Zineb et Lalla Farma n'Soumer : "leur destin, terriblement tragique, les a de fait unies directement ou indirectement par une mort précoce, par leur passion pour la justice et la lutte, pour leur amour des grands espaces et par un soufisme qui n'a rien enlevé à leur soif de liberté." Et d'autres riches interventions suivies de débats qui en disent long sur la soif d'un savoir plus... Samira Bendris