C'est un refus plutôt poli que le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a opposé à la demande adressée au parti par la présidence de la République dans le cadre des consultations engagées avec la classe politique à propos de la désignation envisagée de l'ancien responsable d'Ennahda, Abdelwahab Derbal, à la tête de la Haute instance de surveillance des élections. Le RCD, qui ne répond ni par l'affirmative ni par la négative à la sollicitation de la présidence de la République, s'est, cependant, montré critique vis-à-vis de la démarche, mais aussi indirectement du choix du concerné dont le statut, selon le parti, est en contradiction avec la loi organique instituant l'instance. "Nous savons tous que la loi organique relative à la Haute instance indépendante de surveillance des élections stipule dans son article 7 que les membres de l'instance ne doivent être ni affiliés à un parti politique ni titulaires d'une fonction supérieure de l'Etat", note le RCD dans sa réponse à la correspondance adressée au parti par le directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia. Le parti relève, toutefois, qu'à travers la terminologie utilisée dans le courrier de l'administration présidentielle, "il est demandé de porter un jugement sur une personne physique sur la base d'un curriculum vitae le présentant comme un commis de l'Etat au service de l'Exécutif depuis 1999". Ce qui, d'après la lecture faite à ce propos par le RCD, constitue en somme une contradiction flagrante avec les dispositions de la loi organique relative à la haute instance de surveillance des élections. Le parti exprime, par ailleurs, ses regrets par rapport au fait que son "offre politique" proposant la constitutionnalisation d'une instance indépendante de gestion des élections n'ait pas été retenue. "La Haute instance de surveillance des élections que vous avez introduite dans la nouvelle Constitution condamne, en attendant une nouvelle révision, l'Algérie à voir, cette fois encore, son espérance démocratique différée. Notre proposition, si elle avait été entendue et constitutionnalisée, nous aurait ouvert les chemins de la stabilité et de la démocratie", regrette-t-il, estimant, au passage, que "les fraudes électorales, outre qu'elles hypothèquent la crédibilité de la nation, projettent en première ligne la responsabilité du chef de l'Etat". Le RCD, qui rappelle, dans sa correspondance, la décision de son conseil national de participer aux législatives du printemps 2017, ne voit, en revanche, pas de contraste entre le fait de prendre part à ces échéances électorales et le rejet de l'instance de surveillance des élections. "Nous savons qu'en l'absence de volonté politique et de sens des responsabilités qu'il est vain de croire à la transparence et à la régularité du scrutin", déplore le parti qui assure qu'à travers sa participation, il vise "à insuffler une culture de surveillance citoyenne, à l'instar de celle déjà en vigueur dans les villages de Kabylie, où seul le vote des corps constitués pose problème puisqu'il échappe à la vigilance populaire et peut, de ce fait, fausser les résultats électoraux et les rapports de force politique, surtout, quand le taux d'abstention est élevé". Bien que ne se faisant pas trop d'illusions sur sa capacité à assurer un contrôle efficace du rendez-vous électoral, le RCD promet d'être "présent là où nous sommes en mesure de réduire les fraudes, manœuvres consubstantielles à l'accès, l'exercice et la reproduction du pouvoir en Algérie". Il demeure, cependant, une donnée sur laquelle le RCD se fait un devoir d'attirer l'attention de la présidence de la République : "Les fraudes électorales durent tant que la confiscation du Trésor public, le monopole des moyens de communication et le chantage à la sécurité pèsent sur le quotidien du citoyen." Hamid Saïdani