Selon M. Hébrard, l'approche agro-écologique s'impose comme "la seule" alternative à l'agriculture intensive actuelle. L'agro-écologie et ses réponses aux enjeux contemporains de l'agriculture s'est invitée cette semaine à l'Ecole nationale supérieure agronomique (Ensa) d'El-Harrach (Alger). À l'issue d'une formation "académique et pratique" destinée aux universitaires, qui s'est déroulée du 24 au 27 octobre dernier, une conférence-débat intitulée "Vers la souveraineté alimentaire, par l'agro-écologie" a été organisée, dans la matinée du jeudi, par l'Ensa, en collaboration avec des associations, notamment Torba (Algérie) et Terre et Humanisme (France). Dans son intervention d'ouverture, Karim Rahal, le président de Torba, est revenu sur l'expérience de son association qui a été créée en 2014. "À la base, notre collectif était un groupe de consommateurs qui ont fini par apprendre à cultiver leurs propres produits de la terre. Notre expérience a commencé par la culture d'une petite parcelle de terre, avant de s'étendre au travail dans les jardins partagés sur 2 000 m2, à Djnane Salim, à Bouchaoui et à la Solidarité paysanne", a déclaré l'enseignant universitaire, en rappelant que les membres de l'association Torba disposent à présent de parcelles de 20 à 50 m2. Ce dernier a relevé, en outre, "une prise de conscience de plus en plus grande de la société algérienne" concernant la recherche de légumes et fruits sains. M. Rahal a également annoncé l'acquisition, dès 2017, "d'autres jardins partagés, à l'est et à l'ouest du pays". S'exprimant sur l'Amap (Association pour le maintien de l'agriculture paysanne), adoptée par Torba, l'orateur a expliqué que "c'est un concept de rapprochement entre le consommateur et l'agriculteur", voire une formule de "vente directe" de produits, exempts de produits chimiques cancérigènes. L'autre intervenant, le Dr Olivier Hébrard, agronome expert en agro-écologie et chargé de mission à Terre et Humanisme, a présenté la vision systémique de l'agro-écologie selon son association qui œuvre depuis une vingtaine d'années et son fondateur Pierre Rabhi, philosophe, agriculteur et écrivain français d'origine algérienne. Ainsi, d'après M. Hébrard, l'approche agro-écologique s'impose comme "la seule" alternative à l'agriculture intensive actuelle. Outre le maintien des "valeurs paysannes", la "diversification" des productions, le développement de "l'agroforesterie" et la "re-fertilisation" des sols, ainsi que la lutte contre la désertification, l'importance des fleurs et la préservation de la biodiversité, ce type d'agriculture bio produirait plus, avec moins d'engrais, moins d'eau, moins de pesticides. "L'agro-écologie, c'est entre la tradition et la modernité", a-t-il révélé, non sans rappeler que depuis 2010, l'ONU a donné raison à la démarche de Pierre Rabhi et des autres précurseurs, présentant désormais l'agro-écologie comme "la seule voie privilégiée" pour répondre aux défis alimentaires actuels, notamment dans les zones arides et semi-arides. En plus clair, "l'agro-écologie vise la souveraineté alimentaire", en offrant la possibilité aux populations de se nourrir par elles-mêmes. Sans craindre, comme pour le cas algérien, le déclin ou la disparition de la rente pétrolière. Pour ce qui est de la problématique de la semence locale, celle-ci exige la mobilisation de la société. "Plus nous sommes conscients et nombreux, plus il sera facile de faire face aux grandes firmes", a soutenu le chargé de mission à Terre et Humanisme, en plaidant pour l'extension des "jardins urbains". H. Ameyar