Le ministre de l'Industrie, El-Hachemi Djaâboub, a indiqué hier que le gouvernement allait introduire un amendement dans la loi de finances complémentaire interdisant l'importation de ces véhicules. L'importation de véhicules de moins de trois années d'âge sera interdite. L'information a été officiellement rendue publique, hier, par le ministre de l'Industrie, M. El-Hachemi Djaâboub, à l'ouverture d'une journée sur la sous-traitance organisée au complexe SNVI de Rouiba par l'Union professionnelle des industries mécaniques. “Le gouvernement proposera, dans la loi de finances complémentaire pour 2005, un amendement portant interdiction d'importation de véhicules d'occasion de moins de 3 ans”, précise le ministre. M. El-Hachemi Djaâboub justifie le retrait de cette disposition de la loi de finances 2005 qui, faut-il le souligner, a été introduite et votée par les députés en citant un “rapport accablant des services de la Gendarmerie nationale, rendu public récemment, mettant en évidence le nombre croissant des accidents de la route et la vétusté du parc automobile national”. Pour rappel, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, le 27 décembre dernier, lors de l'inauguration de Tassili II acquis par l'Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV), dans le cadre du programme de renouvellement de sa flotte, avait déjà donné le ton. M. Abdelaziz Bouteflika avait clairement affirmé que la disposition d'importation des véhicules de moins de trois ans ne l'agrée pas. Le président Bouteflika a appelé à revoir cette disposition et s'est dit plutôt favorable à l'importation exclusive de véhicules neufs. Le président de la République expliquait, alors, qu'il est difficile de vérifier l'âge de la voiture. En d'autres termes, la voiture déclarée moins de trois années pourrait être en réalité plus vieille. C'est en fait l'ampleur pris par le trafic sur ces segments qui, semble-t-il, ont fait réagir les autorités publiques. Il y a quelques mois, le directeur général des Douanes algériennes, invité par le forum de l'ENTV, soulignait que l'importation de véhicules de moins de trois années “a toujours été une source de problèmes” pour ses services. Plus explicite, le patron des Douanes est convaincu de la fraude qui entoure et qui entache ce type de véhicules. Lui aussi plaide pour l'arrêt de l'importation de véhicules de moins de trois années. D'autres sources parlent de l'existence “de filières mafieuses d'exportation de voitures volées destinées au marché maghrébin”. Ce n'est pas la première fois que le gouvernement souhaite mettre fin à l'importation de ce type de véhicules. Et à chaque fois, les députés introduisent une mesure pour proroger d'une année la disposition. Nombre de députés, pour expliquer leur position, avancent à chaque fois la faiblesse du pouvoir d'achat des Algériens qui ne peuvent pas se permettre l'achat d'une voiture neuve et l'absence d'une industrie de montage de voitures en Algérie. Des arguments que réfutent les concessionnaires. Cette fois-ci, la disposition d'amendement, que compte introduire le gouvernement dans la loi de finances complémentaire pour 2005, a toutes les chances d'être adoptée. Les membres de la coalition présidentielle semblent vouloir accorder leurs violons pour adopter à l'unisson les propositions du gouvernement, donc du président de la République. M. Djaâboub a évoqué au passage le projet Fatia de montage de véhicules légers à Tiaret. Il souligne que la plate-forme, qui devait accueillir le projet en question, est maintenant “offerte à la concession, à la vente ou au partenariat”. Des concessionnaires réagissent - M. Ducreux, directeur commercial de Hyundai Algérie : “Nous approuvons cette décision. C'est un marché malsain. On ne sait pas si le kilométrage et les années sont garantis ou pas.” - M. Oulmi, DG de Sovac (Volkswagen) : “Il y aura plus de taxes pour le Trésor public et moins de fuites de devises vers l'étranger.” M. R.