À compter de lundi prochain, la Direction des ressources en eau d'Alger (Drea) lancera une vaste opération de lutte contre les branchements illicites sur tout le territoire de la wilaya. La Drea vient d'installer, pour ce faire, un comité qui aura pour, entre autres missions, l'élimination de tous les piquages illicites à travers l'ensemble des quartiers et communes relevant du Grand Alger. Ce groupe de travail est composé des éléments de la Société des eaux et de l'assainissement d'Alger (Seaal), des collectivités locales et des services de sécurité qui accompagneront les agents dans l'exécution de cette action d'envergure. Celle-ci consiste à couper l'alimentation en eau potable (AEP) à ces habitants fraudeurs. Dans une première phase, ces équipes s'attaqueront aux propriétaires d'usines, de poulaillers, de stations de lavage et autres installations qui ont piqué de manière frauduleuse l'eau depuis un réseau d'AEP. "Il est inadmissible qu'un aviculteur vende le poulet à plus de 250 DA le kilogramme tout en utilisant l'eau pour son élevage gratuitement", déplore M. Smaïl Amirouche, directeur des ressources en eau d'Alger, non sans un brin d'ironie au cours d'une rencontre organisée hier par la Seaal. Quant aux bidonvilles et aux quartiers en développement où s'effectuent 99% des raccordements clandestins, ils seront "assainis" progressivement, estime le DRE. M. Amirouche affirme que la Seaal et l'Algérienne des eaux (ADE) ne sont que deux gestionnaires. Autrement dit, le problème concerne surtout les collectivités locales qui doivent, avoue-t-il, s'impliquer davantage dans son règlement. L'autre problématique à laquelle est confrontée la Seaal, voire la Drea, a trait aux fuites sur le réseau. Ce sont des pertes que les cadres de la Seaal appellent "eaux non facturées". Il s'agit d'un manque à gagner évalué chaque année à 1,5 milliard de dinars, par cette entreprise. En 2015, le volume de ces pertes a atteint 15 millions m3, indique un responsable français de la Seaal. Pour cela, un programme ambitieux a été arrêté pour récupérer en stock quelque 65 millions m3 d'ici au 31 août 2018. Plus de 42 millions m3 émaneraient des pertes physiques (fuites) et 23 millions m3 des pertes commerciales (facturation et paiement). Afin de réduire les pertes physiques, Seaal a axé ses efforts sur la recherche des fuites, la réduction des délais de réparation, l'éradication des débordements de réservoirs, la régulation et la modulation de pression ainsi que la rénovation ciblée des ouvrages et du réseau obsolètes. Pour le volet commercial, les actions visent en premier lieu la juste comptabilisation des consommations, grâce au remplacement des compteurs détériorés des clients domestiques dont le nombre a avoisiné les 600 000 unités depuis 2006 et le recalibrage et le remplacement des gros compteurs. Dans le cadre de ce projet, la Seaal envisage de déployer des compteurs généraux pour les cas de consommation collective, tels le nettoyage des cages d'escalier des immeubles, l'arrosage des jardins publics... Les nouvelles technologies seront utilisées pour connaître les consommateurs illicites, améliorer la recherche des fuites pour arriver à les diagnostiquer en 24 heures et les réparer le lendemain. En moyenne la Seaal enregistre au quotidien, 87 nouvelles fuites. Les services de cette société font face à une autre contrainte. Ils effectuent des réparations sur un ancien réseau et éliminent de ce fait les fuites mais celles-ci apparaissent sur de nouvelles canalisations ! Ce qui signifie que le travail accompli, notamment par les sous-traitants, est à revoir. "La plupart des fuites surgissent sur le réseau vétuste", précise un cadre de cette entreprise. Par ailleurs, la dégradation de la qualité de l'eau signalée au début du mois d'octobre était due, expliquent les dirigeants de la Seaal, à l'eau qui restait dans les barrages qui ont connu une baisse de niveau considérable ces derniers mois. B. K.