Selon les chiffres de la Chambre des métiers et de l'artisanat de Bouira, 6 100 artisans sont inscrits et possèdent leur carte d'adhérent. En ce 9 novembre, Journée nationale de l'artisanat, la wilaya de Bouira se distingue en organisant une série d'événements afin de mettre l'accent sur le rôle de l'artisan dans la sauvegarde du patrimoine culturel, son développement et sa contribution à l'essor économique de la région. Ainsi, à Bouira, à Lakhdaria et à Sour El-Ghozlane, les différentes maisons de l'artisanat abritrent des expositions visant à mettre en valeur le rôle de l'artisan et à promouvoir les produits artisanaux. En la matière, la région recèle un potentiel non négligeable. Selon les chiffres de la Chambre des métiers et de l'artisanat (CAM) de Bouira, 6 100 artisans sont inscrits et possèdent leur carte d'adhérent, ce qui leur offre certains avantages substantiels. Aussi, le nombre d'emplois directs et indirects créés est loin d'être négligeable, car il ne représente pas moins de 10 400 emplois, dont 5 164 postes directs. "Nous avons une véritable richesse à Bouira, que nous tentons de faire fructifier", a assuré M. Abdous Azzedine, directeur de la CAM, tout en indiquant que Bouira possède un "réservoir" de jeunes artisans qui ne demandent qu'à être aidés et orientés. "Notre chambre offre toutes les facilitations aux artisans désireux d'adhérer à notre grande famille (...) Nos services sont à l'écoute et nos portes sont ouvertes à chaque artisan", a-t-il assuré. Et au sujet de ceux qui exercent dans l'informel, il dira : "Effectivement, nous avons un certain nombre d'artisans qui exercent dans l'informel, que nous tentons de ramener dans le circuit officiel." Questionné à propos de leur nombre, M. Abdous dira qu'il est "important", sans pour autant avancer le moindre chiffre. Et de préciser : "Nos services ont pour vocation d'organiser des activités de sensibilisation et d'accompagnement au profit des artisans dans le but de les inciter à nous rejoindre." Certains artisans activant dans l'"illégalité" et exposant sur les accotements des RN5 et 26, considèrent que la CAM est une "prison" dans laquelle, selon eux, leurs métiers sont dénaturés. "M'inscrire à la chambre, pour quoi faire ? C'est une administration où la bureaucratie et le copinage règnent en maître", dira d'un air amusé Madjid, artisan potier de Zeboudja, dans la commune d'Ath Laâziz. Et d'ajouter : "Honnêtement, je n'ai nullement besoin de l'aide de l'Etat pour faire mon business, je demande uniquement de me laisser travailler en paix." Et il n'apprécie pas le qualificatif "informel". "Si le fait de refuser d'entrer dans les manigances de la chambre de l'artisanat et de subir son diktat, fait de moi un commerçant informel, alors oui, je le suis", a-t-il lancé. Pour d'autres artisans activant dans l'informel, rencontrés à la sortie d'El-Adjiba (est de Bouira), faire partie de la "famille" de la CAM ne les intéresse pas et surtout "ne leur rapporte rien". "Une carte d'artisan, non merci ! Il faudrait débourser 8 000 DA, payer des charges et des cotisations et pointer à chaque festival. Adhérer à la CAM, c'est vendre son âme au diable", tranchera Amar, un artisan-bijoutier de la localité de Cheikh Left. Pour les artisans légaux, Amar et Madjid sont des "concurrents déloyaux". "L'informel a pris de l'ampleur (...) Nous avons du mal à faire face à cette concurrence déloyale", expliquera un apiculteur rencontré dans le hall de la Maison de l'artisanat de Bouira. R. BOURAHLA