Jusqu'à la fin de l'exercice précédent, il n'y avait pas une volonté réelle d'aller vers les exportations hors hydrocarbures. Il en veut pour preuve les 37 recommandations que l'Anexal a proposées dans le cadre de la dernière tripartite desquelles seules 3 ont été réalisées. "La réglementation des changes considère l'exportateur algérien comme un suspect en puissance". Le président de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), M. Ali Bey Nasri, trouve anormal que cette réglementation contienne 19 articles pour les opérations d'export et 15 à l'import ! Pourtant, précise-t-il, "nous importons tout et nous n'exportons pratiquement rien". Ce qui le pousse à dire qu'"exporter est perçu par les autorités comme un acte suspect". Pis, l'ordonnance 96-22, relève-t-il, "menace l'exportateur de prison". Ce constat établi par M. Nasri résume, en fait, la longue liste des contraintes auxquelles fait face l'exportateur dans l'exercice de son métier. Tout en prenant acte de la volonté politique affichée par les pouvoirs publics pour promouvoir les exportations, il estime que des écueils bloquent encore l'acte d'exporter en Algérie. M. Ali Bey Nasri avoue que notre pays ne s'est toujours pas mesuré par rapport à la demande mondiale. "Il faut que l'on sache quels sont les métiers et les atouts du pays. Il faut savoir comment insérer l'Algérie dans cette demande internationale", affirme-t-il, d'emblée, en marge d'une rencontre sur l'"exportabilité" de l'entreprise, organisée hier au siège d'Algex. Jusqu'à la fin de l'exercice précédent, souligne-t-il, il n'y avait pas une volonté réelle d'aller vers les exportations hors hydrocarbures. Il en veut pour preuve, les 37 recommandations que l'Anexal a proposées dans le cadre de la dernière tripartite desquelles seules 3 ont été réalisées. Il a fallu que cette crise mondiale apparaisse pour que le gouvernement, acculé par le choc externe, choisisse cette option. M. Nasri évoque le déficit de la balance commerciale qui risque d'atteindre 16 milliards de dollars pour l'année en cours. Car, argue-t-il, "si mes estimations sont bonnes, l'on va importer pour un montant de 42 milliards de dollars alors que nos exportations ne dépasseront pas 26 milliards de dollars". Ce différentiel doit être ainsi réglé en cherchant de nouvelles recettes. Et les exportations hors hydrocarbures restent le moyen idoine pour concrétiser un tel objectif. Le président de l'Anexal privilégie le stratégique au lieu de l'opérationnel. Autrement dit, le commerce extérieur a besoin, suggère-t-il, d'une stratégie bien déterminée à court, moyen et long termes. Il salue d'ailleurs, celle qu'a arrêtée le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, pour l'année 2017. M. Nasri a accueilli avec grande satisfaction l'installation par le ministre du Commerce, d'une cellule de suivi qui a réussi, reconnaît-il, à résoudre plusieurs problèmes contraignants pour les exportateurs. L'Algérie recèle des potentialités non négligeables notamment dans l'agriculture. Ce responsable de l'Anexal trouve inconcevable que notre pays n'arrive à exporter que 60 millions de dollars de produits agricoles. Or, des pays comme l'Egypte, déplore-t-il, exportent quelque 600 000 tonnes de pomme de terre ! Ali Bey Nasri approuve la stratégie adoptée par le gouvernement qui incite les opérateurs économiques à conquérir les marchés africains. "Nous avons présenté nos propositions dans ce sens", rappelle-t-il. Il propose, à ce propos, l'ouverture des frontières avec le Niger et la création d'une zone franche à Tamanrasset qui attirera tous les pays voisins tels que le Nigéria, le Tchad, le Burkina Faso ...et créera une demande d'autant plus importante que cette partie du sud algérien "arrange le modèle d'achat de ces pays". En tout cas, ces aspects seront largement débattus lors du Forum d'affaires algéro-africain prévu du 3 au 5 décembre prochain à Alger et qui regroupera quelque 2 500 opérateurs économiques. L'Anexal a, dans ce cadre, recommandé la signature d'accords de partenariat avec ces espaces que sont la Cedeao (communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest), Cemac (communauté économique et monétaire de l'Afrique), Comesa (marché commun de l'Afrique orientale et australe) et l'Uemoa (union économique et monétaire ouest-africaine). L'utilisation de la route de la transsaharienne constitue aussi, selon le premier responsable de cette association, un acquis que l'Algérie doit exploiter. B. K.