Quatre cents millions d'euros sont consacrés annuellement à l'achat des produits cytotoxiques seulement pour les besoins de la chimiothérapie et de la thérapie ciblée. C'est le chiffre que nous avons obtenu, hier, en marge de la huitième édition internationale d'oncologie, organisée à l'hôtel Sheraton et dédiée, cette fois-ci, à l'immunothérapie du cancer du poumon et du sein. Des ruptures de stock sont, néanmoins, de temps à autre, enregistrées. À croire les oncologues algériens, la prise en charge des cancéreux a connu depuis deux ans une nette amélioration, avec l'ouverture de 24 nouveaux centres à travers le territoire national. Cela donne un total de 78 services et unités d'oncologie opérationnels, depuis 2011. Le professeur Addad Bounedjar, secrétaire général de la Société algérienne d'oncologie médicale et vice-président de l'Association des médecins arabes pour la lutte contre le cancer, affirme que les délais de rendez-vous pour la chimiothérapie oscillent désormais entre 10 jours et un mois. Pour la radiothérapie, des efforts sont encore à fournir, puisque le rendez-vous est obtenu dans une échéance de 9 mois. 45 000 nouveaux cas sont enregistrés chaque année, pour tout type de cancer. La tumeur du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme. Il représente 23% de tous les cancers, à raison de 10 000 à 12 000 femmes touchées par an. Pour les hommes, c'est le cancer du poumon qui prédomine : entre 3 500 à 4 000 cas par an. 4 000 cas de cancer de la prostate sont aussi diagnostiqués et touchent, dans 50% des cas, des hommes âgés de plus de 70 ans. Environ 70% de cancers sont détectés au stade 1 et 2, permettant une plus grande chance de rémission. La thérapie ciblée était, hier, au centre de toutes les préoccupations. L'immunothérapie aide le malade à lutter contre son cancer et peut prolonger l'espérance de vie du malade au stade métastatique de 1 an à 6 ans. Utilisée aux Etats-Unis contre les cancers du sein, du poumon et du rein, cette méthode sera généralisée en Algérie en avril prochain. Mais d'ores et déjà, le professeur Bouzid, chef de service d'oncologie du CPMC, l'a expérimentée en juin dernier sur 5 patientes atteintes d'une tumeur de sein. "C'est un mécanisme d'action efficace y compris en stade avancé. Il s'utilise également en première ligne pour contrer la tumeur." Avec 18 flacons de ce produit pour 5 malades, le professeur Bouzid a entamé le protocole de soins, mais depuis quatre mois, il est en attente des 114 autres flacons nécessaires pour parachever cette thérapie. "C'est une perte de temps et de chances pour ces patientes", s'indigne le professeur Bouzid, soutenant que la Direction de la pharmacie et la Pharmacie centrale des hôpitaux sont responsables de ce blocage. Nissa H.