À cinq jours seulement du premier tour de la primaire de la droite pour l'élection présidentielle française de 2017, Nicolas Sarkozy essuie de nouveaux déboires, qui pourraient s'avérer fatals à son retour à l'Elysée. Cela se corse en effet pour l'ancien chef d'Etat français avec les assertions de l'homme d'affaires Ziad Takieddine dans la vidéo mise en ligne hier par le site Médiapart. Il avoue dans ce document audiovisuel qu'il avait apporté au ministère de l'Intérieur trois valises d'argent préparées par l'ancien régime libyen, pour un montant de 5 millions d'euros à la fin de l'année 2006 et au début 2007. Ziad Takieddine affirme qu'il a "personnellement" remis à Claude Guéant, l'ancien directeur du cabinet du ministre de l'Intérieur, et à Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, plusieurs valises contenant de l'argent liquide, préparées par le régime libyen, pour un montant total de 5 millions d'euros. Il a précisé qu'il les avait remises à Claude Guéant, dans son bureau, à deux reprises, puis une troisième fois, en janvier 2007, à Nicolas Sarkozy en personne, dans l'appartement privé du ministre de l'Intérieur. Celui qui a été à l'origine de la préparation de la première visite en 2005 de Sarkozy à Tripoli déclare : "J'ai découvert des choses qui ne méritent plus d'être cachées", et ajoute qu'il veut "dénoncer l'Etat mafieux dans lequel on est en train de vivre". Le site Médiapart rappelle que les faits avoués par l'homme d'affaires franco-libanais avaient déjà été évoqués par le responsable des services de renseignements libyens de l'époque de Mouammar Kadhafi, Abdallah Senoussi, dans le cadre d'une procédure secrète devant la Cour pénale internationale (CPI). Lors de son audition le 20 septembre 2012, Abdallah Senoussi avait affirmé avoir "personnellement supervisé le transfert" d'une somme de 5 millions d'euros "pour la campagne du président français Nicolas Sarkozy en 2006-2007", précisant que ce transfert avait été réalisé "via un intermédiaire français, en la personne du directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur" et "un second intermédiaire, le nommé Takieddine, un Français d'origine libanaise installé en France". Si Claude Guéant a nié, Nicolas Sarkozy a gardé le silence. La situation pourrait empirer aujourd'hui pour le second nommé avec l'examen aujourd'hui par la justice des recours déposés en fin d'enquête dans l'affaire Bygmalion sur ses comptes de campagne en 2012. C'est la dernière étape avant la décision des juges d'instruction sur un procès. Merzak Tigrine