Plusieurs observateurs ont évoqué le sort du chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, après l'infortune de Saâdani. Etonnant commentaire signé dans l'édition de ce mois de novembre de la revue El Djeich. L'organe central du ministère de la Défense nationale (MDN) précise, en effet, que "la cohésion entre l'Armée nationale populaire et le peuple algérien, ainsi que la loyauté envers la nation sont plus profondes et plus fortes pour être ébranlées par les vaines et désespérées tentatives visant à semer le trouble et la division". Cela, en prenant le soin de rappeler que "dans un passé très proche, certaines voix, mues par des intérêts étroits et des calculs personnels, s'étaient élevées, pour appeler ouvertement l'Armée nationale populaire à violer la Constitution et la loi afin qu'elles puissent réaliser ce qu'elles n'avaient pu obtenir par des voies constitutionnelles, légales et démocratiques". Le message est clair et ne souffre aucune ambiguïté : le commentaire fait allusion aux appels pour l'application de l'article 88 de l'ancienne Constitution et la déclaration d'empêchement pour le président Bouteflika. Mais pourquoi le MDN, qui consacrait l'édition de ce mois de novembre de la revue El Djeich au 62e anniversaire du déclenchement de la Révolution, évoquerait-il un sujet aussi problématique ? Faudrait-il le lier aux suppositions auxquelles la démission d'Amar Saâdani de la direction du Front de libération nationale (FLN) a donné naissance ? Plusieurs observateurs ont évoqué le sort du chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, après l'infortune de Saâdani. Les rumeurs, qui ne cessaient de circuler depuis quelque temps, sur des "ambitions présidentielles" que nourrirait le chef d'état-major de l'armée et le comportement de plus en plus intrigant du tonitruant ex-SG du FLN, que certains d'ailleurs soupçonnaient de servir de "bras politique" au vice-ministre de la Défense, laissaient croire qu'un plan de succession au président Abdelaziz Bouteflika était en cours. C'est ainsi que le remplacement d'Amar Saâdani par le "fidèle ami" des Bouteflika, le sénateur au tiers présidentiel, Djamel Ould Abbes, a été interprété comme une reprise en main de l'appareil FLN par la présidence de la République. Un appareil dont personne n'ignore l'importance, en ce sens que celui qui en dispose pèsera dans le processus de succession en 2019. Et ce n'est certainement pas un hasard si le jour même de son intronisation, le nouveau SG du FLN, Djamel Ould Abbes, a évoqué la possibilité d'un cinquième mandat que pourrait briguer Abdelaziz Bouteflika. Autrement dit, si ce n'est pas lui, c'est quelqu'un qui sera adoubé par son entourage... et le FLN, bien sûr. C'est ce qui pourrait justifier cet autre passage surprenant relevé dans le commentaire de la revue El Djeich : "Aujourd'hui, après l'échec de ces tentatives désespérées, ces parties, habituées à pêcher en eaux troubles, ne s'embarrassent pas de laisser libre cours à leur imagination, à leurs élucubrations, à leurs interprétations et à leurs divagations en inventant des histoires de toute pièce dont la finalité n'est autre que de vouloir porter atteinte à la crédibilité, à l'unité, à la discipline et l'engagement de l'ANP à accomplir ses missions constitutionnelles (...). Pendant que des voix s'élèvent de temps à autre pour tenter de semer la zizanie et la discorde, l'Armée nationale populaire continue d'accomplir ses missions constitutionnelles avec détermination, persévérance et dévouement, à l'effet de préserver la souveraineté nationale et l'inviolabilité du territoire." Il est clair, ici, que le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, tente de s'innocenter des ambitions qu'on lui prêterait. Cela au moment où des fuites font état d'un rétablissement de contact et une amélioration dans les rapports entre Bouteflika et l'ex-patron du DRS, le général de corps d'armée à la retraite, Mohamed Mediène, dit Toufik. Un retournement de situation d'indices qui n'est pas pour rassurer Gaïd Salah. Ayant contribué à la mise à l'écart de l'ex-patron du renseignement, ce dernier verrait dans ce rapprochement une menace pour sa carrière. Mehdi Mehenni