Liberté : L'architecte algérien est-il suffisamment formé pour faire face aux spécificités nationales liées, entre autres, à l'outil, aux matériaux, à l'informatique ? Abdelhamid Boudaoud : L'architecte doit chercher tous les instruments nécessaires pour progresser. Rien ne l'empêche de se mettre au diapason de ce qui se fait ailleurs. L'architecte doit toujours apprendre. Il doit également étudier, comparer, s'interroger sur tel ou tel matériau... À mon humble avis, je tiens l'architecte pour responsable de tous les maux, il doit savoir pourquoi. La question que je me pose : la république a-t-elle des architectes ? Je dis oui, mais… Quelle appréciation faites-vous sur le projet de construction d'un million de logements d'ici à 2009 du président de la république ? Ces quatre années à venir devront être celles où la rigueur, la bonne gestion et la meilleure organisation seront de mise. Pour cela, il faut une coordination rigoureuse entre les entreprises réalisatrices, étrangères ou nationales. Celles-ci doivent se préoccuper sérieusement des livraisons pour que le citoyen constate de visu l'amélioration. Des partenariats doivent être conclus, notamment dans la formation de la main-d'œuvre qualifiée, appelée à prendre la relève à l'avenir. Pensez-vous que les entreprises algériennes ne sont pas efficaces ? Il doit exister des milliers d'entreprises, mais sont-elles pour autant efficaces ? Certaines d'entre elles peuvent devenir performantes si elles bénéficient, cependant, d'une mise à niveau et arrivent à maîtriser leur organisation. Une entreprise efficace dispose de connaissances approfondies dans les domaines de l'ingénierie et de la logistique. Le modèle idéal de l'entreprise algérienne de demain est fondé sur une organisation scientifique et technique et d'un organigramme clair. Quel avenir doit-on réserver à notre patrimoine immobilier vétuste ? D'abord, ce vieux bâti doit être recensé et classé par type suivant la nature des travaux à effectuer. C'est-à-dire, il doit subir une réhabilitation légère, moyenne ou lourde. Dans cette approche technique, l'architecte urbaniste doit évaluer les défaillances techniques, la situation du groupe dans son contexte urbain et apprécier la qualité du bâtiment sur le plan esthétique. Les 1 541 communes auront donc à recenser leur patrimoine et, pourquoi pas, avoir une aire de stockage des matériaux du vieux bâti. Que pensez-vous des aménagements introduits à travers la nouvelle loi sur le permis de construire ? L'arsenal juridique existant est bon dans l'ensemble, mais c'est son application qui fait défaut. Je m'explique : le délai de la délivrance du permis de construire est de trois mois conformément au décret 90-25. Or, la réalité est toute autre. Ce que veut le simple citoyen, c'est le respect rigoureux du délai de délivrance du permis. Les instruments d'urbanisme PDAU et POS mis en place répondent-ils aux exigences du terrain ? À vrai dire, le PDAU (plan directeur d'aménagement et d'urbanisme) est en retard de plusieurs années, alors que le POS (plan d'occupation du sol) est désuet. Ailleurs, le PLU (plan local d'urbanisme) remplace le POS. Il s'agit d'un document plus simple à élaborer ou à réviser. Il présentera le projet urbain de la commune en matière d'aménagement, de traitement de l'espace public, de passage et d'environnement. Il permettra de mieux définir les règles d'urbanisme. Le PLU peut être même élargi à plusieurs communes. B. K.