Cinq d'entre les détenus en délit de fuite se sont livrés, mardi dernier, aux forces de sécurité. C'est jeudi dans la matinée que les avocats des 17 détenus de Ghardaïa, arrêtés suite aux troubles de l'automne dernier dans la vallée du M'zab, ont appris la re-programmation du procès de leurs clients pour aujourd'hui, dans la matinée, devant le tribunal criminel de la ville. Une précédente audience avait eu lieu dimanche dernier. La comparution était ajournée par le juge pour “un complément d'instruction”, et ce, suite à l'absence de cinq inculpés se trouvant alors en délit de fuite. Les incriminés, qui se sont livrés mardi dernier à la police, sont membres du bureau local de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laadh) et de la fédération du Front des forces socialistes (FFS). De son côté, le docteur kamal-Eddine Fekhar, premier responsable de l'antenne de la Laadh et élu du FFS à l'assemblée communale, est sous les verrous depuis le 31 octobre dernier, jour où il a été appréhendé par les forces de sécurité alors qu'il prenait part à une conférence de Hocine Aït Ahmed à Alger. Tout comme ses compagnons et les 11 autres accusés, il est accablé par une série de chefs d'inculpation, à savoir, entre autres, incendie volontaire, obstruction de la voie publique, incitation à attroupement et à émeute ainsi que coups et blessures volontaires avec détention d'armes blanches. Joint hier au téléphone, Me Benissad, qui s'apprêtait à rallier Ghardaïa, va baser sa plaidoirie sur l'inconsistance des chefs d'inculpation. Selon lui, “le dossier est vide”. C'est tout naturellement qu'il va demander l'acquittement de l'ensemble de ses clients. Les faits remontent au mois d'octobre dernier. Suite à une opération d'inspection combinée des services des douanes et du contrôle de la qualité et des prix, les commerçants de la ville de Ghardaïa avaient exprimé leur raz-le-bol de ce qu'ils considéraient comme un acharnement des pouvoirs publics. S'ensuivirent des émeutes au cours desquelles les services de sécurité ont procédé à de nombreuses interpellations.Quelques jours après les manifestations, une vingtaine de prévenus étaient présentés devant la juridiction civile. Onze autres, autrement plus chargés, avaient été conduits vers le tribunal criminel. D'après Me Benissad, leur tort était de se trouver à proximité des lieux de la manifestation. L'emprisonnement des délégués de la Laadh et du FFS obéit, aux yeux de l'avocat, à une toute autre considération. L'objectif étant d'étouffer l'expression citoyenne. Aussi le Dr Fekhar et ses cinq camarades sont-ils considérés comme des “détenus d'opinion”. Il reste, cependant, que l'ensemble des inculpés risque des peines très lourdes pouvant aller à une vingtaine d'années de prison, et ce, compte tenu des charges retenues contre eux. S. L.