Dans des programmes télévisés, comme l'émission d'Ennahar "Djazairioun libass el-fataye youthirou echabab" (Les habits des filles excitent les garçons) et dans un autre programme de la même chaîne TV : "Madame, accepteriez vous de laver les pieds de votre mari" ou "Accepteriez vous d'être la seconde épouse" ou encore "Monsieur, laisseriez-vous votre femme travailler, lui prendriez-vous sa paie ?", ou l'incontournable sujet des "Vieilles filles""(Aaness), les jeunes hommes sont présentés comme des "victimes". Les journalistes expriment des positions morales personnelles, citent des chiffres sans donner de source, en insistant sur le comportement "involontaire" des hommes. Evoquant la loi criminalisant les violences faites aux femmes, une journaliste a même déclaré : "Ces jeunes sont déterminés. Ce ne sont pas les 6 mois de prison qui les arrêteront, tant que les femmes ne seront pas couvertes." En outre, le seul remède au problème des "vieilles filles" serait la polygamie. Les journalistes pèsent-ils les conséquences de leurs déclarations et des informations qu'ils diffusent ? On notera aussi le choix de certaines expressions, comme le mot "draguer", évitant celui de "harcèlement", jamais utilisé, qui désigne une violence nécessitant une pénalisation. D'autres expressions sont également utilisées de façon discriminatoire et même banalisées : "vieille fille", "femme propre", "femme respectable", "fille de famille". Il y a là un décalage entre la promulgation de la loi sur l'audiovisuel, qui exige que la vision de la femme soit conforme à la Constitution de mars dernier et le discours des médias. Parce que ces programmes ont une grande influence sur la société, nous attendons de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel, créée en juin 2016, qu'elle mette fin à ces dérives... Une femme sur trois est victime de violence durant sa vie, son agresseur est souvent quelqu'un qu'elle connaît, qu'elle aime et en qui elle a confiance. Les violences exercées contre les femmes et les filles sont des violations flagrantes des droits humains : elles détruisent les vies, causent des souffrances ineffables et des maladies. Elles entraînent aussi des coûts humains considérables. En raison de l'inégalité profondément ancrée dans les rôles, les droits et les opportunités des hommes et des femmes, et des attitudes et normes sociales qui excusent ou banalisent de telles violences, ce problème est devenu persistant. La violence contre les femmes est un problème mondial. C'est la raison pour laquelle l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies (ONU), en ce 17 décembre 1999, a proclamé le 25 novembre Journée internationale pour l'élimination de la violence contre les femmes. En Algérie, 9 663 femmes victimes de violences ont été enregistrées en 2015 par les services de la Sûreté nationale (DGSN), soit une augmentation de 2 680 cas enregistrés par rapport à l'année 2014. Sur les 9 663 cas, on dénombre 6 891 cas de violences physiques, 2 333 cas de mauvais traitements, 282 cas de violences sexuelles (dont 10 cas d'inceste), 119 cas de harcèlement sexuel, 34 cas victimes d'homicides et 4 cas de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort. Par ailleurs, sur ces 9 663 femmes violentées, 5 423 sont des femmes mariées, 2 549 des célibataires, 1 051 des femmes divorcées et 575 des femmes veuves. Revendications essentielles de Avife/Réseau Wassila Abrogation du code de la famille ; Levée de la clause du pardon dans les amendements récents au code pénal ; Réalisation du principe d'égalité dans l'accès au logement ; Protection des témoins dans les cas de harcèlement ; Pour l'égalité, la dignité et la citoyenneté.