La Fédération de Russie est une voix qui compte dans l'échiquier énergétique international et l'Opep fera tout pour la rallier à une limitation concertée de l'offre. La Fédération de Russie ne semble pas disposée à prendre part à la réunion des experts des pays membres de l'Opep et des pays non-Opep qui devrait se tenir aujourd'hui à Vienne. La Russie "n'y enverra aucun représentant du ministère de l'Energie", selon les agences de presse russes RIA et Tass citant une source diplomatique. Est-ce pour autant que Moscou se détourne de l'accord d'Alger conclu fin septembre dernier ? Essentiellement, dans son langage diplomatique, la Russie affirme garder un état d'esprit "positif" concernant la concrétisation de cet accord. "Elle continue, explique son ministre de l'Energie, de participer aux consultations entre pays producteurs de pétrole en vue d'arriver à une limitation concertée de l'offre." "Mais, ajoute-t-il, elle ne s'y joindra qu'une fois un accord trouvé au sein de l'Opep." Dans ses récents discours, le président russe, Vladimir Poutine, a donné le ton sur la conduite à tenir : "Je ne peux pas dire avec une certitude absolue que l'accord (pour geler la production pétrolière) sera atteint, mais c'est bien possible. La Russie ferait tout ce que ses partenaires de l'Opep attendaient qu'elle fasse." Evidemment, la Fédération de Russie est une voix qui compte dans l'échiquier énergétique international et l'Opep fera tout pour la rallier à une limitation concertée de l'offre. Alger, qui souhaite voir se mettre en œuvre l'accord conclu en septembre, a proposé que l'Opep diminue d'environ 1,1 million de barils par jour sa production et que les pays non-Opep contribuent à l'effort des pays de l'Opep en réduisant leur production de près de 600 000 barils/jours. Mais, dès lors qu'il s'agit de quotas, Moscou se montre crispé. Selon Alexandre Novak, le ministre russe de l'Energie, un gel au niveau actuel reviendrait à une baisse de 200 à 300 000 barils par jour par rapport à la croissance prévue. Une maigre contribution de la part des Russes. Moscou garde toutefois la porte ouverte aux discussions. Du reste, Alexandre Novak a indiqué que la Russie menait des discussions sur ce sujet avec des pays Opep, mais également avec d'autres pays non membres de l'Opep comme le Kazakhstan et le Mexique, mais pas avec les Etats-Unis. La production de la Russie a beaucoup augmenté ces dernières années. Elle a atteint en novembre 11,2 millions de barils par jour. Les experts estiment qu'un gel serait peu douloureux pour Moscou mais pourrait lui rapporter gros si un accord avec l'Opep intervenait. Novak s'est dit optimiste sur l'issue de la réunion du 30 novembre : "Selon nos informations, les positions des pays producteurs de pétrole sont proches." Figurant parmi les premiers producteurs dans le monde avec l'Arabie saoudite et les Etats-Unis, la Russie a payé cher l'effondrement des prix du pétrole, avec deux ans de récession, aggravée par les sanctions occidentales liées à la crise ukrainienne. Difficiles, les tractations avec les Russes se poursuivront. Le ministre algérien, Noureddine Boutarfa, devrait se rendre aujourd'hui, 28 novembre, à Moscou, en compagnie de son homologue vénézuélien, Eulogio del Pino, pour s'entretenir notamment avec le ministre de l'Energie de la Fédération de Russie, Alexandre Novak, avant de se rendre à Vienne où il aura d'autres entretiens, en particulier avec les ministres irakien, saoudien et qatari en prévision de la conférence de l'Opep du 30 novembre 2016. Par ailleurs, et selon les termes d'un communiqué rendu public hier par le ministère de l'Energie, Noureddine Boutarfa, s'est entretenu samedi 26 novembre, à Téhéran, avec son homologue iranien Bijan Zanganeh, ministre du Pétrole. À l'issue de cette rencontre, les deux ministres ont déclaré avoir eu des échanges "très positifs" et se sont félicités des bonnes conditions dans lesquelles la rencontre s'est déroulée. "La réunion a été ‘très positive' et ‘d'une grande utilité'", a déclaré le ministre algérien. Les deux ministres se sont également montrés "confiants" quant à l'issue de la conférence de l'Opep devant se tenir le 30 novembre à Vienne. "Nous sommes confiants quant à la perspective de trouver un accord ‘juste' et ‘équilibré' lors de la prochaine réunion de l'Opep", a déclaré M. Boutarfa. "Nous sommes confiants et nous continuons à travailler pour obtenir un accord le 30 novembre", a souligné, pour sa part, Zanganeh. Le ministre iranien a affirmé également avoir pris connaissance de la proposition algérienne et a mis en avant les efforts de la partie algérienne pour arriver à un accord qui tienne compte des préoccupations de toutes les parties. Youcef Salami