Une fois à l'intérieur du véhicule, son "ravisseur" monte devant, et la voiture, conduite par Nacer, part en direction de Hassi Bounif, située à deux kilomètres. B. Moussa, 22 ans, au chômage, et M. Nacer, 25 ans, employé dans une agence d'assurances, ont été condamnés, dimanche, à respectivement cinq ans et une année de prison ferme. Moussa était accusé d'attentat à la pudeur avec violence sur mineure de 16 ans et détournement de mineure, et Nacer devait répondre uniquement du second chef d'inculpation. Les faits remontent au 14 octobre 2015 et ont pour théâtre le douar Boudjemâa, petite localité située à 10 km d'Oran et dépendant de la commune de Hassi Bounif. Ce jour-là, vers 18h, la jeune Célia, 16 ans, est accostée au sortir d'une pharmacie par B. Moussa, ancien petit ami, qui lui propose de la raccompagner chez elle. "J'ai refusé, mais il m'a forcée à monter à l'arrière de la voiture", racontera-t-elle le lendemain à la gendarmerie en allant porter plainte. Une fois à l'intérieur du véhicule, son "ravisseur" monte devant, et la voiture, conduite par Nacer, part en direction de Hassi Bounif, située à deux kilomètres. "Ils se sont arrêtés à proximité d'un chantier en construction, et Moussa m'a obligée à me déshabiller en menaçant d'arracher mes vêtements et de m'abandonner toute nue dans notre douar si je n'obéissais pas. J'avais très peur, j'ai obtempéré", continuera-t-elle, en ajoutant avoir subi des sévices sexuels pendant que Nacer s'était éloigné. Lorsque les deux jeunes gens la raccompagneront pour la déposer à proximité de son domicile, Célia relèvera la plaque d'immatriculation de la voiture et ira raconter son drame à sa mère. Le lendemain, la fille et la mère iront porter plainte à la brigade de gendarmerie qui identifiera très vite les deux suspects. Célia joindra Moussa par téléphone et lui demandera de la rejoindre à proximité de la brigade où le jeune homme sera interpellé. Le médecin légiste du CHU d'Oran a constaté dans son rapport d'expertise que la victime portait effectivement des traces de violences sexuelles et des ecchymoses sur le bras. À la barre, les deux suspects continueront de nier les faits qui leur sont reprochés. Moussa ira même jusqu'à tenter de salir la réputation de la plaignante (fille de mauvaises mœurs dont la mère faisait commerce), ce qui lui vaudra d'être sèchement rappelé à l'ordre par la présidente. De son côté, Nacer affirmera être taxi clandestin en dehors des heures de travail et que, ce jour-là, Moussa lui avait demandé de le conduire à Oran. "Je ne savais pas qu'il allait faire monter une fille, je ne savais pas qu'elle était mineure et je n'ai aucune connaissance d'un attentat à la pudeur", a-t-il ajouté pour sa défense. Le ministère public, pour qui "les faits sont très graves puisqu'il est question ici d'une mineure", a requis dix ans de réclusion contre B. Moussa et deux années de prison ferme contre M. Nacer. Chacun des avocats de la défense axera sa plaidoirie sur le fait que le rapport d'expertise ne désigne pas nommément le ou les auteurs de l'agression. Considérant que le dossier d'accusation manque de preuves tangibles incriminant leurs mandats, les deux avocats plaideront l'acquittement. S. Ould Ali