"Il m'avait fait des avances que j'ai repoussées, alors il m'a violenté. J'ai sorti le couteau et je l'ai frappé." La cour d'assises d'Oran a jugé, mercredi dernier, une affaire de meurtre d'une rare violence dans laquelle un jeune homme était accusé d'avoir assassiné un quinquagénaire en lui assenant 24 coups de couteau. Cinq étaient mortels, a précisé l'expertise de la médecine légale qui a également conclu que la mort était due à une hémorragie massive à travers l'ensemble des plaies. À la barre, M. Mohamed, dit Hasni, 21 ans, n'a pas tenté de nier les faits qui lui étaient reprochés mais s'est défendu de toute préméditation criminelle. "Je me suis défendu. Il m'avait fait des avances que j'ai repoussées, alors il m'a violenté. J'ai sorti le couteau et je l'ai frappé. Je n'ai fait que défendre mon honneur", a-t-il expliqué d'une petite voix. Les faits remontent à la soirée du 28 janvier 2015, à Hassi Bounif, localité située à quelques encablures à l'est d'Oran. Alors que la majorité des jeunes de cette commune de 65 000 habitants environ ont les yeux rivés sur les écrans de télévision pour suivre la rencontre Algérie-Sénégal comptant pour la CAN 2015 de football, un drame commence à se jouer avec A. Noureddine et Hasni comme personnages principaux. Noureddine, 53 ans, sapeur-pompier de son état, invite son voisin à une soirée arrosée. "Ce n'est pas la première fois qu'il m'invitait. Nous avions l'habitude de nous rencontrer pour boire", confirmera l'accusé lors du procès. Le jeune homme accepte la proposition et des témoins le verront monter à bord de la voiture de Noureddine qui prend la direction de Sbika, lieudit situé près de la ligne des chemins de fer qui longe Hassi Bounif. En milieu de soirée, les deux compères se rendent compte que leur réserve est épuisée et décident de se rendre à la proche localité de Hassi Benokba pour se ravitailler en vin chez un vendeur clandestin. "Là, il a proposé que nous nous rendions près de la carrière. Comme je savais que le coin est désert et dangereux, je lui ai demandé qu'on passe d'abord chez moi", racontera Hasni en expliquant avoir pris un couteau pour se protéger. "C'est vrai qu'il était connu pour ses tendances homosexuelles et qu'il m'avait déjà fait des avances, mais il s'en était excusé et on avait tout oublié. Je n'avais pas de raison de me méfier de lui", insistera l'inculpé dans une tentative de rejeter la préméditation. Au lieudit Carrière, et selon toujours le témoignage de Hasni, Noureddine lui refait pourtant la même proposition indécente, et devant son refus le ton monte très rapidement. "Il m'a donné un coup de poing au visage et j'ai réagi en lui enfonçant mon couteau dans l'estomac. Je n'ai fait que me défendre", continuera le jeune homme en avouant ne pas se rappeler avoir refait le même geste plus de 20 fois. Pour le ministère public, l'affaire est limpide : "Le prévenu a avoué son crime (...) Des témoins ont confirmé son addiction à l'alcool et à la drogue. Après avoir accompli son forfait, il a enterré son couteau", a-t-il énuméré en substance avant de requérir la peine de mort, sanction maximale prévue en cas d'assassinat. Pour la défense, le dossier n'est pas aussi clair. Certes, Hasni a tué Noureddine, mais il n'a certainement pas prémédité son coup. "C'est la victime qui a appelé Hasni au téléphone et l'a pris en voiture. C'est encore elle qui a tenté d'agresser sexuellement notre client et de nombreux témoins ont confirmé ses déviations sexuelles. Où est la préméditation ?" a interrogé l'un des deux avocats de la défense qui a, auparavant, introduit une requête pour la requalification de l'accusation en coups et blessures ayant entraîné la mort. La cour, après délibérations, condamnera M. Mohamed, dit Hasni, à 20 ans de réclusion criminelle. S. O.A.