Les derniers procès intentés contre les adeptes de la secte Ahmadiyya ont remis au goût du jour la présence du mouvement Qadiani en Algérie. Début novembre, un groupe de six membres de cette secte a été démantelé par la police de la daïra de Sidi-Ameur. Informés des agissements de ce groupe dans la commune éponyme, les policiers, munis d'un mandat de perquisition, les ont trouvés en train de prier dans une maison d'un des adeptes qui leur servait d'imam et ont saisi plusieurs livres et dépliants. L'enquête a dévoilé que les membres du groupe sont originaires de plusieurs communes de M'sila, des wilayas voisines et du littoral. Comment se sont-ils connus et par quel biais ont-ils été contactés par la secte ? Interrogés, ils ont indiqué que les liens sont établis à travers une chaîne satellitaire appartenant à l'Ahmadiyya, probablement les émissions propagandistes diffusées en arabe sur la chaîne satellitaire MTA3, notamment celle de "Hiwar Moubachar" où des numéros de téléphone y sont diffusés pour faciliter le recrutement et le contact entres les adeptes de la secte. Les autres canaux de communication étant les réseaux sociaux et certains sites Internet. Ce n'est pas la première fois que cette secte fait parler d'elle en Algérie où elle active depuis plus de dix ans ciblant, dans un premier temps, les étudiants. En 2010, le ministère des Affaires religieuses aurait été contacté par la Ahmadiyya Muslim Community, une sorte de califat des Ahmadis dont le siège est situé à Londres, au sujet d'une demande pour une autorisation officielle permettant la construction de la première mosquée Ahmadie en Algérie. Demande refusée catégoriquement par le département de Bouabdellah Ghlamallah, alors ministre du culte à l'époque. Mais le plus grand coup de filet des services de sécurité dans les rangs d'Al-Ahmadiyya, franchise algérienne, s'est produit en juin dernier, lorsque les éléments de la Section de recherche de la Gendarmerie nationale (SRGN) de Blida ont mis fin aux activités de la succursale mère de la secte en Algérie. Six personnes, convoquées par la gendarmerie, se révéleront appartenir à la secte Al-Ahmadiyya. Les mis en cause ont déclaré vouloir même ouvrir un centre régional regroupant les adeptes de cette phalange religieuse, dont le nombre aurait atteint plus de 1 000 adhérents à travers le territoire national. Lors des interrogatoires, les six individus ont divulgué l'identité de trois de leurs acolytes, dont le présumé président national d'Al-Ahmadiyya en Algérie qui a été interpellé à Bou-Ismaïl (Tipasa) ainsi que deux autres individus demeurant à Alger. Les neuf individus ont été présentés devant le procureur de la République près le tribunal de l'Arba pour atteinte à la sécurité de l'Etat et appartenance à un groupe pouvant porter atteinte à l'intégrité sociale. Selon des sources sécuritaires, "il s'agit d'une secte subversive à caractère confessionnel qui avait publié, en 2013, un communiqué faisant valoir son autorité et ses objectifs en Algérie pour instaurer une république islamique au nom du Printemps arabe". À l'époque, cette organisation était dénommée Khatm Ennouboua. Rappelons que la secte Al-Ahmadyya est fondée à la fin du XIXe siècle par Mirza Ghoulam Ahmad (1835-1908), un musulman né à Qâdiyân au Panjâb, en Inde. Se considérant comme le dernier messager de Dieu, il déclarera faux et absurde qu'après le Prophète Mohammed, la porte de la révélation divine soit fermée pour toujours en taxant de satanique la religion musulmane. "De tous les chemins qui mènent à Dieu, je suis le dernier chemin, et de toutes les lumières, je suis la dernière. Malheureux est celui qui m'abandonne, parce que sans moi tout est obscurité", faisait-il croire à ses adeptes. L'Organisation de la conférence islamique avait déclaré comme secte l'Ahmadisme en 1973. Depuis, les Ahmadites, au nombre de 10 millions d'adeptes à travers le monde, ne peuvent plus accomplir le pèlerinage à La Mecque. Saïd OUSSAD