Résumé : Le détective avait glané assez d'informations sur le rapt de Choukri par le vieux couple. Le médecin du village confirmera la stérilité de ce dernier et le refus de Khadidja d'avoir recours à l'adoption. À chacun ses convictions. Mais ces indications permettaient d'avoir une idée plus précise sur les raisons de ce nouveau rapt. Il faisait chaud, l'appartement était plongé dans une pénombre bienfaisante. Keltoum était dans la cuisine et Narimène se reposait dans sa chambre. La vieille femme scrute le visage de son fils comme pour tenter de lire quelque chose. Ce dernier lui embrasse le front et tire une chaise pour s'asseoir. Il prend son paquet de cigarettes, mais elle le lui retire des mains. -Assez fumer, mon fils. Le tabac est mauvais et ne peut que nuire à ta santé. Racim passe la main dans ses cheveux et regarde sa mère en face. -Ils n'ont trouvé aucun autre indice. Rien de nouveau, ni pour la police ni pour le détective. Elle soupire et dépose une tasse de café noire devant lui, avant de répondre : -Nous prendrons encore notre mal en patience, mon fils. Si vraiment ce vieux couple a pris l'enfant, nous allons sûrement le retrouver. -Je l'espère. Cependant, ce couple justement s'est volatilisé. Cela fait des jours qu'on le recherche, sans succès. -Je sais. Mais ne prends pas ce qu'on te dit pour argent comptant. Ce vieux couple est peut-être parti pour quelques jours de vacances. Si c'est le cas, nous aurons bientôt de ses nouvelles. -Et si ce n'est pas le cas ? -Eh bien, cela confirmera la thèse de la police. Choukri serait avec lui. - Pourquoi justement ces vieux ont-ils emmené mon fils ? Et comment fera-t-on pour les retrouver ? Elle hausse les épaules. -Si je le savais, on n'en serait pas encore là. Mais je pense que si réellement notre petit est avec ce couple, nous le retrouverons. -Comment peux-tu en être certaine ? -Tout simplement parce que ce couple n'aura pas le courage d'intenter à la vie d'un innocent, en sus je ne pense pas que ces gens iront jusqu'à demander une rançon. -Alors pourquoi ne le rendent-ils pas ? Elle soupire encore. -Il faut se mettre à leur place pour le savoir. Cette femme. Comment elle s'appelle déjà ? -Khadidja. -Oui. Cette Khadidja n'a jamais eu d'enfant. Elle est obnubilée par cette idée. Etant jeune, elle n'avait pas mesuré l'intensité de sa solitude. Mais avec l'âge on devient plus susceptible. Elle veut rattraper le temps perdu. -En kidnappant un enfant, tout en sachant que ses parents le recherchent ? -Oui. Même dans ce cas. Elle ne voit d'ailleurs que son intérêt dans cette affaire. Racim fronce les sourcils. -Mère, pourquoi parles-tu uniquement d'elle, sans associer son mari à cette affaire. C'est lui en premier qui a trouvé Choukri. Il est complice dans ce qui arrive. -Bien entendu. Mais c'est forcément Khadidja qui l'a incité à commettre une telle bévue. Je suis certaine qu'il doit avoir des remords et ne pense qu'au moyen de remettre le petit à la police. -Pourquoi ne le fait-il donc pas ? Elle se gratte le menton. -Je ne sais quoi te répondre, mon fils. Ce Kader doit être dominé par sa femme. C'est la conclusion la plus logique qui soit dans cette affaire. Racim se tait et se met à siroter son café. Keltoum dépose des petits pois sur la table, et se met à les écosser. Le silence régna quelques instants entre eux. La pendule murale sonne au trois quart de l'heure. Le jeune homme sursaute. -Il est presque 19h45. -Oui. Tu as un rendez-vous ? -Non. Pas pour aujourd'hui. D'ailleurs je n'ai pas le cœur au boulot, heureusement que mes collaborateurs sont là. -Alors pourquoi demandes-tu l'heure ? Nous sommes en été et les journées sont longues. (À suivre) Y. H.