Résumé : De retour à la maison, Racim prendra d'autres initiatives. Il engagera un détective privé pour mettre les bouchées doubles, et fera publier la photo de son fils dans les journaux. On espérait que quelqu'un le reconnaîtra et contactera la police. Le détective approuve cette décision. Lui-même avait fait plusieurs tirages de photos de Choukri. Il s'était déplacé sur les lieux où le couple avait séjourné et avait placardé des portraits sur les murs et les poteaux. Quelqu'un finira bien par reconnaître cet enfant, leur assure-t-il. Racim pense au médecin qui lui avait en premier parlé du ravisseur. Il prend sa carte et la tend au détective, en lui précisant que le toubib était de la région. Un indice qui leur permettra peut-être d'avoir d'autres pistes de recherche. Au bout de deux jours, le limier revient et confie à Racim que le médecin n'était pas passé par quatre chemins pour lui confier certains secrets sur le couple dont tout le monde parlait en ce moment au village. Khadidja était une femme stérile, et son mari souffrait d'une anomalie congénitale. C'était lui-même qui les avait orientés, voilà des années, vers un spécialiste afin de lever le doute sur leur incapacité de procréer. Khadidja ne s'était jamais remise de cette amère réalité. Pourtant, lorsqu'il leur avait proposé l'adoption, ils avaient tout bonnement refusé. Racim soupire. Et pourquoi donc avaient-ils mis la main sur son fils ? Le détective hoche la tête et se remet à relire ses notes. Un voisin avait indiqué à la police que le couple avait des parents qui habitaient la grande ville. On s'était renseigné auprès d'eux, mais sans succès. La plupart des membres des deux familles du couple avaient coupé les ponts depuis plusieurs années. Ils avaient même traité Khadidja de folle, et Kader d'inconscient. Ce dernier ne savait rien lui refuser, ce qui avait éloigné d'eux les proches et les amis. Au quartier, pourtant, on leur avait assuré que c'était un couple sans problèmes, qui ne fréquentait pas beaucoup, mais qui savait se rendre utile en cas de besoin. Kader était un vieux taxieur, qui ne refusait jamais de rendre service à ses voisins. Cependant, Khadidja avait son petit caractère acerbe et craignait de mourir seule. Elle enviait les femmes qui avaient des enfants, et leur reprochait souvent de les laisser seuls et livrés à eux-mêmes dans les escaliers de l'immeuble ou dans le quartier. Racim écoutait le compte rendu de l'enquêteur sans broncher. Il avait allumé une cigarette et fumait en tapant nerveusement de son index sur le bureau. Tout ce scénario ne l'enchantait guère. Il ne voulait ni connaître la vie privée du vieux couple ni accéder à des informations qu'il jugeait futiles. Il passe la main sur son visage, puis écrase sa cigarette dans un cendrier avant de se lever. -Bien. Vous avez fait du beau travail monsieur le détective, mais nous ne sommes pas encore sur la bonne piste. -Moi je pense le contraire. En sus des informations de la police, l'enquête que j'ai menée auprès du médecin et des voisins du couple nous éclaire sur les motivations qui auraient poussé ce dernier à kidnapper un enfant. -Je ne comprends pas. Ce couple est assez vieux pour avoir plutôt des petits-enfants. -Certes. Mais c'est avec l'âge qu'on devient bien plus susceptible. Peut-être que justement c'est pour cette raison qu'on a pris votre enfant. Il vient d'avoir ses trois ans. Racim secoue encore la tête. -Ils auraient pu adopter un enfant voici des années, et profiter du statut de grands-parents aujourd'hui. -Oui. Mais il semble que Khadidja avait catégoriquement refusé cette alternative. Le médecin les avait orientés vers un orphelinat. Je pense que les tabous et les "on dit" les avaient dissuadés d'avoir recours à cette solution. -Et pourtant il y a bien des couples qui ont adopté des enfants et qui ne l'ont jamais regretté. -Je suis tout à fait d'accord avec vous. Mais, vous comprenez, à chacun ses convictions. -Je comprends. Il soupire. -Je dois rentrer maintenant. Ma femme ne se sent pas bien aujourd'hui et je dois être à ses côtés. Je compte sur vous pour glaner d'autres informations. (À suivre) Y. H.