Résumé : Le médecin révèle à Racim qu'il avait vu Choukri dans les bras d'un jeune homme. Le petit était agité et demandait sa mère. Il n'aurait jamais pensé qu'il venait d'être kidnappé. Cette version pourra peut-être aider la police dans ses investigations. Racim serre la main du médecin. -Merci docteur. Et pour mon épouse, que pourrais-je faire si elle se réveille ? -Le sédatif fera son effet pour quelques heures. Elle va dormir et j'espère qu'à son réveil, elle sera moins agitée. Elle a surtout besoin de sérénité. Restez près d'elle. Votre présence à ses côtés lui fera le plus grand bien. -Je suivrai vos conseils à la lettre. Merci encore docteur. -Je souhaite de tout cœur que la police retrouve la trace de ce ravisseur et vous ramène le petit. Il prend congé. Racim referme la porte derrière lui, et revient vers Narimène qui semblait dormir à poings fermés. Une petite brise s'était levée. Il laisse la fenêtre ouverte et prend une chaise pour se mettre au chevet de la jeune femme. Il passe une main sur son front et remonte le drap sur elle. Elle s'agite, puis remue ses lèvres pour prononcer quelques mots inaudibles. Racim soupire. Choukri a disparu et a laissé un grand vide dans leur vie de couple. Si jamais il arrive quelque chose à Narimène, il sait qu'il ne surmontera jamais un second choc. Comme pour effacer une image hideuse qui se profilait devant ses yeux, il se lève et se rend dans la cuisine pour se préparer un café bien serré. Il n'avait pratiquement rien avalé durant les dernières quarante-huit heures. Son estomac était noué. Il prend sa tasse de café noir, et au passage une pomme sur la table de la cuisine. Il repasse par le salon et jette un regard au téléphone qui demeurait muet, avant de revenir dans la chambre pour attendre le réveil de Narimène. Comme elle semblait plus calme, il sortit pour se rendre à la pharmacie puis revint rapidement à son poste de garde. Deux heures passent. On était déjà au crépuscule. Le jeune homme avait somnolé sur sa chaise puis s'était levé pour faire les grands pas autour du lit où se reposait son épouse. Il avait espéré un autre coup de fil du ravisseur, mais ce dernier semblait plutôt réticent à les contacter. Avait-il pris peur en sachant que la police était maintenant à ses trousses. Racim joint ses mains dans une prière. Pourvu qu'il ne fasse pas de mal à Choukri. Il se rassoit et jette un coup d'œil à Narimène qui s'agitait. Elle tente d'ouvrir les paupières puis se ravise et sombre encore dans le sommeil. Racim passe une main caressante sur sa joue. Sa jeune épouse était épuisée. Tout comme lui. Les longues nuits d'angoisse ne pouvaient que les anéantir. Il soupire. Jusqu'à quand va-t-il tenir le coup ? Il soupire encore. Il doit s'armer de courage pour affronter les épreuves à venir, car il ne doutait plus, cette affaire ne va pas se terminer de sitôt. On était en train de jouer au chat et à la souris. Un jeu de cache-cache qui n'augurait rien de bon. Narimène s'agite encore et ouvre faiblement les yeux. Elle regarde autour d'elle, avant de remarquer la présence de son mari. Ce dernier lui prend la main et la porte à ses lèvres. -Narimène. Tu te réveilles enfin. Comment te sens-tu ma chérie ? Elle entrouvre les lèvres, mais aucun son ne sort de sa bouche. Racim lui verse un verre d'eau et l'aide à s'asseoir dans son lit. Il avait la terrible impression qu'elle ne l'avait pas reconnu. Il s'approche alors d'elle et porte le verre à ses lèvres. Elle le regarde et fronce les sourcils, puis se met à boire l'eau à petites gorgées. Etait-elle consciente ? Il secoue la tête. Il ne voulait même pas imaginer la suite de sa phrase. Narimène était sous le choc de la disparition de leur fils. Il était donc normal qu'elle soit dans un état second. Il dépose le verre sur la table de chevet puis reprend la main de sa femme. -Narimène. C'est moi. C'est Racim. Elle le regarde encore, puis détourne la tête sans mot dire. Il se lève alors et contourne le lit pour se mettre en face d'elle. -Narimène, regarde-moi. Tu me reconnais ? Elle ouvre tout grands ses yeux et sourit. -Oui, je te reconnais. -À la bonne heure. Je pensais que tu ne pouvais me reconnaître. -Mais si, je te reconnais, Choukri. Ton papa n'est pas avec toi ? Racim sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine. Il avait sûrement raté un battement, se dit-il. Narimène hallucinait ! Il prend son portable et contacte le médecin. Ce dernier lui conseillera de lui donner ses médicaments et de la laisser encore dormir. (À suivre) Y. H.