Résumé : Racim rentre bredouille au cottage. Il est surpris par la présence de sa mère qui lui reproche de lui avoir caché la vérité sur le kidnapping de son petit-fils. L'enfant avait disparu de nouveau. Sous le choc, Narimène est conduite à l'hôpital, alors que Keltoum demandait à son fils de quitter les lieux. Racim pousse un long soupir et passe la main sur sa barbe hirsute. -Maman, s'il te plaît. La police connaît bien son travail. Je ne peux rien faire de mieux que ces agents qui nous ont soutenus jour et nuit, et qui ont fouillé la forêt de fond en comble. Nous avons fait tout ce que nous pouvons. Nous n'avons plus qu'à prier Dieu pour retrouver notre Choukri sain et sauf. -Rentrons chez nous, te dis-je. Rentrons chez nous. Tu verras plus clair dans tes idées, mon fils. Elle essuie les larmes qui coulaient sur ses joues et se poste à la fenêtre du salon pour regarder la plage qui s'étendait à perte de vue devant ses yeux. -Il y a des centaines de gosses qui jouent sur le sable. Pourquoi n'a-t-on pas pris un autre enfant que Choukri ? -Maman ! Tu perds la tête. Personne n'aimerait perdre son enfant. Et puis, ces ravisseurs pensaient sûrement que nous étions très riches pour payer une bonne rançon. -Ces ravisseurs ? Tu ne parlais que d'un seul. Il y en a combien en fait ? -Je n'en sais rien, maman. Le kidnappeur va parler. Il n'a sûrement pas pu agir seul. Il avait ses indicateurs. La police va mettre la main sur tout le réseau. C'est certain. Elle soupire. -Oui. C'est ça. Pour le moment, c'est nous qui sommes dans de beaux draps ! Racim semble réfléchir. Tout compte fait, ils feraient mieux de rentrer chez eux, comme l'avait suggéré sa mère. Il ira tout d'abord prendre des nouvelles de sa femme et demandera au médecin si elle pouvait quitter l'hôpital. Ensuite, il verra ce qu'il y aura lieu de faire. Peut-être aura-t-il d'autres nouvelles de son fils. Narimène avait repris connaissance, mais était encore trop faible pour se lever. Son teint pâle et ses yeux cernés n'auguraient rien de bon. Elle reconnut Racim et lui tendit les bras. Il s'approche d'elle et lui prend les deux mains. -Comment te sens-tu, ma chérie ? Elle hoquette. De grosses larmes coulaient de ses yeux. Elle voulut parler, mais ne le put pas. Racim lui embrasse les mains. -Tu veux qu'on rentre à la maison ? Elle acquiesce en hochant la tête. Puis se rappelant son fils, elle ouvrit de grands yeux et se remet à pleurer. Racim lui caresse les cheveux. -Nous le retrouverons. Narimène, je te le promets. Tâche de te reposer un peu, je viendrai te chercher tout à l'heure. Il la quitte et se dirige vers le bureau du médecin pour lui demander si sa femme était en état de voyager en voiture. Dans le cas contraire, il demandera une ambulance. Sa mère avait raison. Il n'y a plus lieu de tarder davantage dans ces lieux maudits. Deux heures plus tard, leurs bagages empaquetés, Racim, Narimène et la vieille Keltoum reprenaient la route du retour. Avant de quitter les lieux, le jeune homme avait informé les inspecteurs de police sur sa décision, et ces derniers lui avaient assuré de garder le contact avec lui et de l'informer sur la suite de leur enquête. Une semaine passe. On n'avait trouvé aucun nouvel indice sur Choukri. L'enfant demeurait introuvable. Cependant, un citoyen du village avait signalé à la police que quelques jours auparavant, au petit matin, il avait cru reconnaître le vieux Kader, un voisin du quartier, en compagnie d'un enfant de quelques années. Un enfant qui portait un tee-shirt trop grand pour lui, et qui était tout sale. Il avait aussi indiqué l'immeuble où habitait l'homme en question. On avait inspecté les lieux, et même frappé à la porte de l'appartement de ce dernier, sans recevoir de réponse. Quelques voisins ajoutèrent alors une autre information à l'enquête. Le couple Kader et Khadidja, puisque c'est d'eux qu'il s'agissait, avait quitté les lieux jeudi dernier (le jour même où la police faisait sa ronde dans le quartier et interrogeait les gens) en emportant des bagages. Ils étaient sûrement partis en vacances ! Racim reçut ces informations telle une foudre. Il n'y avait plus de doutes. Son fils était avec ce couple. Un autre kidnapping. Néanmoins, ce signalement avait quelque chose de réconfortant. Choukri était en vie ! Narimène renaissait de ses cendres. Elle semblait plus calme, et le traitement que le spécialiste lui avait prodigué semblait donner de bons résultats. Pour plus de précautions, Racim évitera de lui parler des derniers renseignements qu'il venait de recevoir au sujet de Choukri. Il avait chargé un ami à lui de faire appel aux service d'un détective privé. Certes, la police faisait magnifiquement son travail, mais son impatience à serrer son fils dans ses bras et à remettre de l'ordre dans sa vie le poussait à mettre les bouchées doubles. Keltoum avait proposé de publier la photo du petit dans les journaux. Une idée que la police avait rejetée au début de l'enquête afin d'éviter tout grabuge dans l'affaire. Mais maintenant, il était temps de prendre d'autres initiatives. (À suivre) Y. H.