C'est un message fort, accompagné de mises en garde, qu'a lancé le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa, à l'adresse de certains "courants religieux" qui font du prosélytisme en Algérie. À leur intention, il dira que "l'Algérie refuse l'instauration d'un nouveau système de religiosité étranger à notre héritage et d'être un terrain d'un combat sectaire ou d'en être partie prenante". Ces propos ont fait la substance principale de l'intervention du ministre qui a prononcé un discours suivi d'un point de presse en marge d'une journée d'étude sous le thème "Préserver les référents de la nation", organisée jeudi au pôle de la mosquée Ibn-Badis, à Oran. Une rencontre mise à profit par Mohamed Aïssa qui a invité le collège d'universitaires et de chercheurs, réuni dans la capitale de l'Ouest, à formuler des recommandations. Ainsi, le ministre qui se gardera de citer nommément la secte El- Ahmadiyya, dont les membres font l'objet de poursuites judiciaires depuis plusieurs mois, analysera, dans ce contexte, le prosélytisme en cours. S'appuyant sur des repères historiques qu'il a tenu à développer, Mohamed Aïssa rejettera la thèse qui veut qu'à une certaine époque, notre pays avait été chiite. À propos de cette incursion sectaire, il s'interrogera sur ses intentions. Il a affirmé douter qu'elles soient d'ordre religieux. Il s'agit, selon lui, d'un enjeu politique et géostratégique. Plus loin, le ministre précisera que c'est sur instruction du président de la République que, depuis plus de deux ans, son département, entre autres, s'est attelé à faire "rempart", en revenant "vers l'islam ancestral, celui de nos ancêtres qui a toujours été l'islam de la modération, du vivre ensemble, de la coexistence et surtout de l'école sunnite". Revenant encore sur les intentions des "courants religieux tentant de pénétrer la société algérienne", le ministre expliquera que le danger "n'est pas le chiisme en soi, ce qui l'est, c'est le prosélytisme qui profite à des officines, je le dis très explicitement, qui ne sont pas hébergées dans le monde arabo-musulman". Pour lui, aujourd'hui, la séduction de certains Algériens par ce courant religieux ne s'explique pas par une crise morale ou sociale assurant que la prolifération de ces "mouvements" a lieu dans des espaces aisés. "Ce ne sont pas les plus démunis en Algérie qui appartiennent à cette nouvelle tendance, mais l'élite intellectuelle, universitaire. Ce n'est pas la crise sociale ni le besoin qui poussent nos concitoyens à embrasser ces mouvements, cela relève plutôt d'une défaillance, quelque part, intellectuelle." Mohamed Aïssa estimera que le problème se trouve dans une carence dans le travail des imams, pointant également du doigt les médias qui "n'invitent pas les plus érudits de nos savants pour que la société ait confiance en ses référents". Le ministre a promis la création d'un organisme abrité par une fondation qui aura pour tâche de réfléchir au phénomène et d'y apporter des réponses pour mieux le combattre. D. LOUKIL