La 8e édition du Festival national du théâtre amazigh de Batna se tiendra du 10 au 16 décembre au théâtre régional de la ville. Pour la soirée d'inauguration qui aura lieu ce soir, elle sera marquée par la représentation d'un monologue de la comédienne Kalla Rahma. Pour sa deuxième année consécutive à la tête du commissariat du festival, Salim Souhali reste optimiste quant au déroulement de ce festival. Le programme étant déjà fixé malgré quelques aléas, cette 8e édition verra la participation d'une dizaine de troupes théâtrales qui se donneront la réplique chaque soir sur les planches du théâtre régional de Batna. Mais seules trois troupes professionnelles relevant des théâtres régionaux de Batna, Tizi Ouzou et Béjaïa se produiront durant cette édition. Car l'impact de l'austérité a sérieusement limité les contours de la programmation : participation seulement de trois théâtres professionnels aux côtés de cinq associations théâtrales, de deux coopératives d'art dramatique et de la troupe Ed-Debza d'Alger. Parmi les informations recueillies, cette édition recevra une troupe théâtrale de Sétif qui doit présenter pour la première fois une pièce en langue amazighe, ce qui constitue une nouveauté pour la capitale des hauts plateaux. La ville de Ghardaïa, une habituée de ce festival, a toujours donné des spectacles amazighs, et l'on apprend qu'Illizi va allonger la liste. "Ce sont les quatre variantes du parler amazigh – kabyle, chaoui, m'zabi et targui – qui ont toujours été utilisés dans ce festival national de Batna", nous a précisé le commissaire du festival, M. Souhali, connu pour être un artiste pluridisciplinaire. En marge du festival, un colloque à caractère académique sera tenu à l'université de Batna avec la collaboration du département de la langue et culture amazighes et celui de la littérature arabe et des arts. Le programme prévoit aussi des conférences-débats de Ali Abdoun de Tlemcen sur "Le para-théâtral amazigh", de Brahim Tazaghart de Béjaïa sur "l'écriture théâtrale de Belaïd Aït Ali", de Sebti Mallem de l'université d'Alger sur "Mekki Chebah, le leader oublié du théâtre algérien" et de Saci Abdi de Biskra sur "théâtre et identité". Signalons que Tamanrasset exposera à Batna ses bijoux traditionnels tandis que les éditions Anzar (arc-en-ciel) organiseront une exposition de livres en langue amazighe. Le dramaturge H'mida Layachi comptera d'autre part parmi les invités d'honneur de cette 8e édition. Concernant les restrictions budgétaires, certains y voient une coupe réductrice dans le contenu de ce festival spécifique d'expression amazighe. D'autres manifestent plutôt leur satisfaction quant au maintien de ce festival par le ministère au moment où certains festivals ont déjà sauté de la nomenclature officielle. Tant que le festival du théâtre amazigh continue d'exister, les organisateurs ne font pas la fine bouche dès lors qu'il est devenu un acquis de la société algérienne. L'objectif ou finalité essentielle de ce festival reste assurément la promotion de la langue amazighe à travers d'autres outils véhiculant l'expression et le langage théâtral. Mais en huit éditions, quel bilan peut-on en tirer ? Y a-t-il plus de créations dramaturgiques en langue amazighe ou se contente-t-on toujours de puiser dans le répertoire des traductions et/ou des adaptations ? L'intérêt d'un bilan étant justement de pouvoir tracer le chemin du futur de l'amazighité en Algérie et partant dans le Maghreb arabe. Ali Benbelgacem