Il aura fallu que des hospitalisations pour coma diabétique et des dégradations de santé chez des malades ayant substitué le RHB à leur traitement à base d'insuline (sept cas d'hyperglycémie ont été signalés à Oran) pour que les autorités se décident à réagir. Aujourd'hui que les faits ont donné raison aux diabétologues et sociétés médicales qui avaient averti contre la commercialisation inconsidérée du RHB — produit inconnu présenté comme un remède contre le diabète avant même qu'il ne soit passé par les tests et examens cliniques — les autorités s'empressent de retirer le pseudo-médicament du marché, multiplient les appels à la vigilance et tentent de prendre leurs distances avec une affaire qui a toutes les allures d'un scandale national. Le ministre de la Santé, Abdelmalek Boudiaf, s'est exprimé mercredi pour soutenir que le RHB est un complément alimentaire et non un médicament contre le diabète "car ne répondant pas aux conditions requises par la réglementation concernant les produits pharmaceutiques", et le ministère du Commerce s'est fendu d'un communiqué pour annoncer que "les services du contrôle de la qualité et de la répression des fraudes du ministère du Commerce ont procédé au retrait de ce produit avec des prélèvements aux fins d'analyses et de vérification de sa conformité", allant même jusqu'à brandir la menace de "sanctions administratives et pénales" contre les pharmacies et les commerçants qui mettraient en vente ce produit "avant l'obtention des résultats et des analyses". Cet empressement des officiels à vouloir se démarquer du RHB — qui, on le sait désormais, a provoqué de nombreux accidents chez des diabétiques séduits par les promesses illusoires de guérison, soutenues par certains médias — cache mal la volonté évidente de se dédouaner de leur responsabilité pourtant indiscutable. Bien qu'il n'ait pas été testé selon les protocoles en vigueur pour les produits pharmaceutiques, le RHB a été mis en vente avec la bénédiction des autorités nationales et, pour des raisons qui restent encore à déterminer, les alertes lancées par les spécialistes n'ont pas été entendues. Il aura fallu que des hospitalisations pour coma diabétique et des dégradations de santé chez des malades ayant substitué le RHB à leur traitement à base d'insuline (sept cas d'hyperglycémie ont été signalés à Oran) pour que les autorités se décident à réagir. Plusieurs questions restent posées : Comment se fait-il que le RHB, pourtant destiné à la consommation humaine, n'a pas été soumis préalablement aux tests cliniques ? Par quel prodige a-t-il passé les filtres que constituent le Comité national du diabète du ministère de la Santé et le Comité du diabète de la direction du médicament ? Pourquoi les autorités compétentes ont-elles autorisé la mise en vente du produit ? Bref, comment des instances censées protéger la santé des Algériens ont-elles pu, au mieux, se laisser gruger, au pire, se rendre complice de la mise en danger de la vie des diabétiques ? Aujourd'hui, les plus hautes autorités de l'Etat sont vivement interpellées pour déterminer les responsabilités et faire toute la lumière sur la légèreté criminelle avec laquelle l'affaire RHB a été traitée. Le malade peut-être coupable de crédulité, comme l'a déploré un responsable sur les ondes de la radio jeudi dernier, les autorités sanitaires ne peuvent se permettre d'être naïves. Pas à ce niveau de responsabilité. S. Ould Ali