Une première victime du complément alimentaire RHB contre le diabète commercialisé depuis plus d'une semaine vient d'être enregistrée. Un septuagénaire diabétique a été admis dimanche en urgence au service réanimation du CHU de Constantine dans un état comateux. Selon les membres de sa famille, le patient a arrêté son traitement à l'insuline il y a quelques jours et a commencé à prendre le nouveau produit Rahmat Rabbi (RHB) qu'il a acheté en pharmacie. «Ce que nous avons craint est arrivé. Nous espérons que cela ne va pas se généraliser dans la population diabétique après le tapage médiatique qu'a connu ce produit ainsi que le pseudo-chercheur avec la bénédiction des autorités sanitaires», relève un médecin diabétologue. Et de rappeler que la communauté médicale (diabétologues, endocrinologues et spécialistes en médecine interne) a mis en garde contre ce produit «présenté et plébiscité par le ministre de la Santé comme étant un médicament miracle et les risques que les patients encourent s' ils arrêtent leur traitement». L'équipe médicale du CHU de Constantine craint le pire car c'est la région où le produit a connu des ventes importantes et de nombreux diabétiques ont souscrit à ce complément alimentaire en substitution à leur traitement. «On risque de voir dans les prochains jours ce type d'urgence à l'hôpital qui peut être fatale pour les malades. Nous souhaitons que ce cas de ce monsieur de 75 ans, toujours dans le coma, servira d'exemple pour que les diabétiques prennent conscience du danger qui les guette s'ils abandonnent leur traitement», souligne un spécialiste au sein du CHU de Constantine. La responsabilité des pouvoirs publics est entière dans ce cas, a estimé le Pr Brouri, du service de médecine interne de Birtraria, qui rappelle les conséquences qu'encourent les malades s'ils arrêtent leur traitement, en l'occurrence l'insuline. «Ce retour au charlatanisme, encouragé par certains responsables, est regrettable. Il est tout aussi condamnable d'autoriser un produit de santé avec une publicité mensongère proposé par un pseudo-chercheur sans qu'il soit soumis aux procédures réglementaires exigées en la matière», a-t-il déploré. Pour le président du Conseil de l'Ordre des médecins, le Dr Bekkat Berkani Mohamed, le fait était prévisible eu égard à la campagne médiatique dont ce «supposé» complément alimentaire a bénéficié. «La responsabilité des autorités sanitaires est entière car c'était à elles de prévenir les diabétiques sur les risques de substituer leurs médicaments à cette substance. La publicité mensongère qui a présidé à cette sombre affaire est le résultat d'une manipulation grossière qui donne de faux espoirs aux malades diabétiques et à la population toute entière», a-t-il déclaré.