Résumé : Kader reprend connaissance et se rend compte que sa femme l'avait séquestré et attaché. Il essaye de se détacher. En vain. Il appelle Khadidja qui fera d'abord la sourde oreille, avant de venir lui reprocher sa lâcheté. Le passé ressurgit entre eux. Et chacun accuse l'autre. Kader s'insurge. -Je n'ai jamais gardé ce secret. Avec ta langue bien pendue, tu avais vite fait de le chuchoter ailleurs, et en un éclair, c'est tout notre entourage qui était au courant de notre situation. -Hum. C'est vite dit ça. Non. Ton entourage m'accusait plutôt moi d'être stérile. Dans le temps c'était toujours les femmes qui devaient garder ce "fardeau" pour elles. La stérilité était ce qu'il leur arrivait de pire. On entendit les pleurs d'un enfant et Khadidja se redresse. -Sofiane pleure. Il doit avoir peur dans le noir. Tu m'as réveillée vieille gourde, je dormais si bien près de lui. Elle se lève et quitte les lieux, alors que Kader ripostait. -Détache-moi d'abord. Où vas-tu ? Détaches-moi ! Mais il aurait mieux fait de s'adresser à un mur. Epuisé, le bonhomme se rallonge sur sa couche. Dans ce coin de la campagne, il faisait très froid la nuit et il grelottait. Comment avait donc fait cette vieille sorcière pour le tirer jusque-là et le ligoter ? Et jusqu'à quand va-t-elle le garder ainsi ? Il ferme les yeux et se traite de tous les noms. S'il ne l'avait pas écoutée et s'était rendu tout bonnement au commissariat de police avec le môme, ils n'en seraient pas là tous les deux. La nuit passe, le jour se lève. Ses articulations étaient douloureuses, sa tête menaçait d'exploser. Il ne pouvait même pas se gratter le nez. La porte s'ouvre. Khadidja le regarde, puis dépose un bol de café au lait fumant devant lui et une tranche de pain beurré. -Comme tu n'as pas dîné, je pense que tu as faim. Je ne veux pas qu'on dise que je t'ai laissé mourir d'inanition. Kader relève la tête et se redresse un peu. -Détache-moi d'abord. Je ne peux ni m'asseoir ni me tourner. J'ai mal partout, et je suis certain d'attraper une bronchite sur ce sol glacial. Elle le regarde quelques secondes, puis secoue la tête. -Non. Je ne vais pas te détacher. Si tu as les mains libres, tu vas ôter toute la corde et m'attacher à mon tour. Il fronce les sourcils. -Alors comment vais-je faire pour manger ? -Je vais te faire manger moi-même. Le gosse dort encore, et j'ai toute la journée devant moi. Kader détourne la tête. -Je ne peux rien avaler. Va au diable avec ton bol de café. Elle fait la moue. -Tout de même. Tu ne vas pas rester sur ta faim. Allons Kader, fais-moi plaisir et avale quelques cuillères de... -Non. Je ne veux rien avaler. Détache-moi, te dis-je, ou je vais me mettre à crier et à ameuter tout le voisinage. Khadidja se relève. -Essaye-donc un peu. Personne ne viendra à ton secours dans ce coin isolé. Le voisin le plus proche habite à un kilomètre. Je n'ai pas choisi de m'exiler ici pour m'exposer aux regards des curieux. Elle reprend le bol de café et la tranche de pain, et quitte les lieux en refermant soigneusement la porte derrière elle. Kader se met à se cogner la tête au sol. Il avait beau essayer d'arriver à l'extrémité de la corde nouée à ses pieds, il ne put pas. Khadidja était machiavélique. Elle savait qu'il n'arrivera jamais à se détacher sans son aide. Mais jusqu'à quand va-t-elle le maintenir ainsi attaché, allongé sur un vieux tapis à même le sol, et sans avoir rien avalé depuis le déjeuner de la veille ? Il se laisse retomber sur sa paillasse et tente de réfléchir à la meilleure solution qui soit pour se sortir de là. (À suivre) Y. H.