L'université Mohamed-Lamine-Debaghine a organisé, jeudi, avec la Direction de l'action sociale et de la solidarité de Sétif, un symposium sur l'autisme avec pour thème : "Réalité et perspectives". Selon le professeur Mahmoud Ould Taleb, chef du service de pédopsychiatrie à l'hôpital Drid-Hocine d'Alger, qui a présenté une communication intitulée "Diagnostic précoce des troubles du spectre de l'autisme et prise en charge selon le programme Teacch d'Eric Schopler", l'autisme représente un véritable problème de santé publique. "Il y a pas moins de 400 000 cas, adolescents et adultes, d'autistes en Algérie", s'alarme-t-il. Le pédopsychiatre a tenu à préciser que le diagnostic précoce, à savoir à partir de l'âge de 2 ans, des troubles de l'autisme, permet la maîtrise de cette maladie mentale très grave, contrairement au diagnostic tardif notamment après l'âge de 5 ans. "Le diagnostic précoce permet d'éviter d'éventuelles complications qui sont le retard mental irréversible au-delà de 5 ans." Pour une meilleure prise en charge des enfants autistes, l'intervenant a proposé l'application du programme international appelé Teacch (Treatment and education of autistic and related communication handicapped children) ou Traitement et éducation des enfants autistes. "On ne soigne pas un enfant autiste par une ordonnance. Le programme Teacch est une méthode scientifique, psycho-éducative efficace qui s'étale sur une durée de 3 ans, soit 1 000 heures (2 heures par semaine). Ce programme est aujourd'hui utilisé par 51 pays à travers le monde", explique le Pr Ould Taleb. L'orateur a profité de la présence de dizaines de mères d'enfants autistes à cette manifestation pour leur recommander de faire des efforts pour participer à l'application de ce programme d'accompagnement. "Je m'adresse aux mamans pour faire une formation. Il existe un ouvrage intitulé : ‘Activité d'enseignement pour les enfants autistes'. Vous pouvez contribuer à la stimulation avec les autres participants spécialistes, dont des psychologues et des orthophonistes. Il faut prendre au moins une demi-heure pour chaque séance", insistera-t-il. L'intervenant a ajouté que ce programme a déjà porté ses fruits. "Il y a des enfants autistes qui ont suivi ce programme et qui sont normalement scolarisés (CEM et lycée). Il y en a même qui sont en terminale", a-t-il précisé. Le professeur a, enfin, mis l'accent sur la nécessité de création de centres pédopsychiatriques de proximité dans le cadre de la décentralisation de la prise en charge de cette maladie. Il est à noter que la wilaya de Sétif est pionnière en matière de dépistage de l'autisme. La création d'un service de pédopsychiatrie au niveau de l'EHS d'Aïn Abessa ainsi que la formation d'une quarantaine de sages-femmes de différents EPSP de la wilaya ont permis de réaliser de bons résultats. L'équipe dirigée par le Dr Hima Fethia indique que cette maladie dont la prévalence est de 2 pour 1 000 enfants peut être prise en charge et permet aux enfants d'être scolarisés normalement s'ils sont diagnostiqués à temps. F. SENOUSSAOUI / A. LOUCIF