L'environnement stressant dans lequel vivent les couples est l'une des causes évoquée par les spécialistes. La complication majeure est le retard mental Un enfant sur 8 serait autiste en Algérie. Une maladie sous-estimée mais qui s'étend de manière alarmante, loin des préoccupations des pouvoirs publics. Le manque de structures médicales adaptées et de personnel qualifié complique sérieusement la tâche. Ils sont des centaines de parents à la recherche d'une prise en charge, mais en vain. Un drame familial que l'on peut pourtant soulager si le diagnostic est posé précocement. C'est justement le combat du professeur Ould Taleb, pédopsychiatre à l'EHS de psychiatrie Drid Hocine à Alger, qui fait de l'autisme sa lutte quotidienne. «Le retard mental est un problème de santé publique majeur qui nécessite une prise en charge immédiate. Les enfants autistes peuvent être dépistés et traités très tôt dès l'âge de 2 ans pour éviter la complication majeure qui est le retard mental qui peut être irréversible sans une intervention thérapeutique précoce à l'âge 2 ans», a-t-il déclaré lors des travaux de la 6e Rencontre de pédopsychiatrie consacrée aux «psychoses de l'enfant et de l'adolescent» et en particulier aux troubles autistiques chez l'enfant, qui se sont déroulés hier au sein de l'hôpital. Il explique que la complication majeure de l'autisme est le retard mental, «c'est-à-dire que le développement de l'intelligence de l'enfant est bloquée et qu'il ne peut acquérir aucune autonomie, et pour vivre il a besoin d'une tierce personne durant le restant de sa vie», a-t-il indiqué. Si le service de Drid Hocine à Alger accueille 60 nouveaux cas par mois d'enfants autistes et a pris en charge 1040 cas en deux années, entre 300 000 et 400 000 enfants et adolescents autistes algériens sont sans soins, déplore le professeur Ould Taleb. Il estime qu 'il est aujourd'hui urgent de mettre en place un plan Autisme et un programme national pour une prise en charge efficiente de ces enfants futurs retardés mentaux. «Notre service explose aujourd'hui, il n'est plus possible de prendre en charge de nouveaux cas. En raison du nombre important de cas pris en charge par notre équipe avec le programme psycho-éducatif de Schopler, ou Teacch, initié depuis 10 années, nous sommes contraints de réduire de 6h à 2h les séances de stimulations», a-t-il souligné, avant de préciser que la majorité des enfants viennent des différentes wilayas. «Il n'est pas possible de stimuler un enfant qui se réveille à 4h, qui fait 200 à 300 km pour venir à notre centre. Il arrive épuisé», a-t-il souligné. Pour lui, le programme national pour l'autisme doit consacrer la création de centres de pédopsychiatrie à travers le territoire national au même titre que les services de pédiatrie et le renforcement de la formation des pédopsychiatres pour arriver à avoir 5 spécialistes par wilaya, soit un besoin de 240 pédopsychiatres à travers le pays, sachant qu'un enfant sur huit est autiste. Le professeur Ould Taleb plaide pour faire de l'année 2015, l'année de l'autisme afin que cette maladie ne reste plus dans l'ombre.