C'est le monde à l'envers lorsqu'on fait une petite lecture sur le mode de gestion du Mouloudia d'Alger. Celui sur qui repose le financement du club, la personne morale (Sonatrach), ne semble jouir d'aucun pouvoir face à la personne physique (le responsable de l'équipe de football), qui agit à sa guise sans être inquiété. Omar Ghrib, puisque c'est de lui qu'il s'agit, hante les nuits des responsables du principal pourvoyeur de fonds du vieux club de la capitale. Malgré toutes les anomalies constatées dans sa gestion, depuis son retour aux affaires du MCA au mois d'avril dernier, personne n'ose lui dire quoi que ce soit. Il y a eu, certes, quelques mesures mais c'était limité dans des mises en garde, des avertissements et puis rien d'autre. Omar Ghrib qui refuse même de signer son contrat de DG de la SSPA, n'en fait qu'à sa guise et n'hésite pas de tenir tête à celui qui fait de lui le responsable du plus prestigieux club algérien. La preuve, il ne s'est pas privé d'empêcher le président du conseil d'administration de la SSA/Le Doyen, Zaïd Ladj, l'accès au stade Omar-Hamadi pour suivre la rencontre MCA-USMBA jeudi dernier. Il y a eu, certes, une réunion pour examiner ce énième incident, mais aucune décision stricte n'a été prise pour remettre Ghrib à sa place. Pis encore. Ladj et ses assistants du conseil d'administration se retrouvent dans une situation plus délicate. Leur champ d'action semble plus limité que celui de Ghrib, les membres du CA, par le biais des dernières mesures, ont tenté de le "ligoter". La Sonatrach n'arrive pas à se débarrasser de ce personnage, lui qui jouit d'un appui et d'un soutien opaque au point de devenir la hantise de ses responsables hiérarchiques. Personne n'ose prendre la décision extrême. Il jouit d'une impunité extravagante, surtout que maintenant l'équipe est bien partie pour jouer le doublé cette saison. À cet effet, peut-on dire que la Sonatrach est piégée par un personnage de plus en plus omnipotent ? La question qui brûle les lèvres : de qui a-t-on peur à la Sonatrach ? N'y aurait-il pas un lien entre le football et la situation sociale, précaire, qui menace les institutions ? Dans l'entourage de la compagnie pétrolière, qui apporte un soutien à Ghrib, et qui du coup désavoue le conseil d'administration, on ne cesse de brandir l'épouvantail de faire gronder la rue si on touche au premier responsable de l'équipe et que les résultats ne suivront pas. Il y a une sorte d'instrumentalisation du football à des fins opaques, sachant que le mode de gestion de l'actuelle direction de l'équipe n'est guère un modèle reconnu. Ghrib profite de tous les privilèges qu'offre la Sonatrach, mais ne se prive pas de défier les propriétaires du club et ses dernières déclarations laissent tout le monde perplexe. Il persiste à dire que Sonatrach ne l'a pas aidé sur le plan financier, ne reconnaît pas la commission de recrutement mise en place par le CA en prévision du mercato et revient sur sa décision de démissionner. Pis encore, des personnes, qui s'identifient à lui, lui apportent un soutien indéfectible, à l'image de la sortie de l'ancien président de l'ES Sétif, Abdelhakim Serrar sur l'ENTV en assimilant la performance du MCA aux efforts de Ghrib, qui a remporté sa "bataille" sur tout le monde avec ce titre honorifique de champion d'automne. Même certains joueurs, des membres du staff technique, des supporters et des hommes de l'ombre l'entourent de leur appui. Ghrib se hisse au rang des hautes responsables puisqu'il crie sur tous les toits qu'il n'a de compte à rendre qu'à Amine Maâzouzi, le P-DG de Sonatrach. Une chose est sûre, à ce rythme, personne ne pourra l'inquiéter surtout avec l'inertie de ceux qui sont censés être les propriétaires du club. Malik A.