Malgré l'annulation de la grève des commerçants et artisans, annoncée notamment sur les réseaux sociaux du 2 au 7 janvier 2017, cela n'a pas pour autant suscité de l'assurance et de la sérénité chez bon nombre de familles et de citoyens. Bien au contraire, l'absence de communication institutionnelle ou d'un signal fort du gouvernement ont joué en faveur de l'apparition d'un mouvement de panique chez les ménagères qui, en dépit de l'approche des fêtes de fin d'année et en dépit de la flambée des prix qui accompagne toujours, en ces circonstances, les produits mis en vente, ont cédé au chant des sirènes et douté sur la disponibilité, en quantité suffisante, des denrées de première nécessité : les produits alimentaires entre fruits et légumes. Outre les rumeurs, répandues pendant près d'une semaine et fortement relayées notamment par les réseaux sociaux, quant au maintien du débrayage des commerçants, l'arrivée des fêtes est souvent synonyme, en Algérie, de pénurie, de "diktat" des commerçants et de fermeture des magasins et des étals. C'est pour cela que la veille du nouvel an, une frénésie de l'achat s'est emparée des consommateurs. Une frénésie causée aussi par le silence de l'équipe gouvernementale et du ministère du Commerce, concerné en premier chef, qui ont manqué d'apporter les explications attendues, pour rassurer la population. À cela, s'ajoute l'augmentation des prix des principaux produits avec l'entrée en vigueur de la loi de finances 2017 dès début janvier. Les ménagères auraient été tentées de s'approvisionner en quantité aux fins de constituer des stocks et faire ainsi une petite épargne. Rappelons qu'à quelques jours de la nouvelle année, le collectif des associations professionnelles de la wilaya de Tizi Ouzou, regroupant agriculteurs, commerçants, éleveurs, transporteurs, promoteurs, artisans et fonctionnaires libéraux, avait haussé le ton, dénonçant les "descentes punitives" des différents services de contrôle (Casnos, Cnas, DCP, impôts et inspection du travail) et l'augmentation des cotisations à la Casnos alors que les prestations de celle-ci seraient des plus médiocres. Il avait alors annoncé une grève générale pour le 2 janvier 2017, assortie d'une marche de protestation pour revendiquer la mise en place d'un régime fiscal pour les petites entités économiques, l'application de l'article 14 du décret 15-289 dans son intégralité et une amélioration des prestations de la Casnos. Ce mouvement de protestation a vite été relayé par l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), dont les représentants ont qualifié la campagne menée par le gouvernement de "hogra". Pour protester contre cette "politique répressive" gouvernementale et contre la "hogra", les commerçants d'Alger, affiliés à l'UGCAA, ont brandi la menace de grève du 2 au 7 janvier 2017. Résultat : les autorités ont fini par céder devant la pression et à la satisfaction des principales revendications des commerçants, en obtenant l'annulation de la grève. Réagissant à cette situation, l'Association nationale des commerçants et artisans (Anca) a tenu à se démarquer de ce mouvement, en niant avoir appelé à une grève. Elle a, en outre, annoncé qu'"aucune grève est prévue", en s'en prenant aux réseaux sociaux, aux "affairistes politiques" et aux "barons de la spéculation". H. Ameyar