En 1991, huit familles se lancent dans l'exploitation de ladite EAC spécialisée dans le maraîchage. En décembre 2004, elles sont recasées dans des chalets sur ordre du wali délégué de Dar El-Beïda. Initialement, comme le confirme la réquisition de la circonscription administrative de Dar El-Beïda, l'évacuation des familles a été décidée pour permettre la réalisation d'un projet de 700 logements au profit des sinistrés du séisme du 21 mai 2003. Sur les lieux, un tableau descriptif mentionne clairement que la commune de Mohammadia prévoit la construction de 60 logements sociaux locatifs, dont le maître de l'ouvrage est l'Opgi de Hussein Dey. C'est justement cette contradiction qui a fait réagir les anciens occupants de l'EAC, trouvant dans ce changement de programme une “manigance” qui ne dit pas son nom. Tout en reconnaissant que l'EAC est un bien public, qu'ils exploitaient dans un cadre légal, ils s'étonnent toutefois de la position des intervenants, venus les chasser sans aucune forme réglementaire. M. Mohamed Bourahla, président de l'Association des gérants d'abattoirs de volailles, avouera que l'Opgi de Hussein Dey était au début intéressée par une assiette de terrain se trouvant loin de l'EAC 6. “Des responsables de cet officie sont venus nous voir dans le but de prendre possession de ce terrain, afin d'y lancer ledit projet. C'était en 2000, à l'époque de l'ancien P/Apc, M. Chami. La tentative n'a pas été fructueuse. L'affaire a été portée devant le tribunal d'El-Harrach, où le représentant de l'Opgi avait même déclaré au juge que l'office n'était pas concerné par un quelconque projet, pas plus qu'il ne possédait sur les lieux aucune assiette de terrain”, fait savoir notre interlocuteur. Ce dernier, qui parle au nom des huit familles, explique que ni l'Opgi de Hussein Dey, ni la circonscription administrative de Dar El-Beida, encore moins l'APC, ne peuvent s'arroger le droit de s'approprier cette EAC. “Dans le cas échéant, qu'on fasse valoir une notification que seul le wali d'Alger est habilité à signer en concertation avec les services agricoles”, souligne-t-il. De là, ajoute M. Bourahla, il s'est avéré que le détournement du projet de 700 logements, au profit d'un projet plus petit de 60 seulement, n'est qu'une manière déguisée de cacher une autre réalité. Selon un élu, le P/APC aurait confié que les logements en question seront construits au profit des cadres de l'Etat. Autrement dit, la célérité avec laquelle est menée ce dernier projet prouve, on ne peut plus clair, que la thèse est défendable. Dans tous les cas de figure, l'affaire revêt un caractère mystérieux qui laissera supposer un tas de questionnements : Sur quelle base juridique ont été établies la réquisition ainsi que l'instruction de démolition et de recasement des familles ? De quel droit ce foncier a été transféré après l'expulsion de ses occupants ? Qui sont ces cadres de l'Etat qui s'autorisent à exploiter le programme du président de la République à des fins personnelles ? Autant d'interrogations que les anciens occupants de l'EAC ne cessent de ruminer. Contactés, les services des domaines, territorialement compétents, affirment que l'EAC 6 est un bien de l'Etat. Une confirmation faite à l'Opgi de Hussein-Dey en date du 12 février dernier. La mise en demeure, signée par l'inspecteur de Dar El- Beida, précise que l'Opgi occupe une surface bien de l'Etat et que cette dernière est tenu de quitter les lieux, dès réception de la correspondance, rappelant par la même occasion que des mesures seraient prises le cas échéant. Nos tentatives de joindre le directeur général de l'Opgi de Hussein-Dey sont restées vaines. Les plaignants, pour leur part, ont adressé une lettre aux services de la présidence, demandant l'ouverture d'une enquête à ce sujet. A. F.