Y a-t-il réellement un projet de réalisation de 60 logements « sociaux locatifs » sur ce qui reste de l'exploitation agricole collective (EAC) n°6 à l'ex-ferme Douzi, commune de Mohammadia ? La question mérite une réponse quand on sait que les huit familles d'agriculteurs, qui occupaient les lieux avant leur expulsion le 20 décembre 2004, ne cessent de crier haut et fort à « l'injustice », à la « hogra », à la « dilapidation et au détournement du projet du chef de l'Etat au nom de l'Etat ». Tout a commencé le 18 décembre 2004, lorsque ces 8 familles, qui occupaient des bâtisses coloniales bien avant 1962, et 27 autres installées dans des baraques autour du site, ont été évacuées sous prétexte de libérer une zone réservée pour la réalisation d'un « projet d'utilité publique ». D'anciennes demeures et un abattoir pour volaille agréé par les services agricoles, dont le coût avoisine les 600 millions de centimes n'a pas échappé à la destruction. E fait, l'assiette de terrain était destinée initialement à recevoir un projet de 700 logements sociaux au profit des « sinistrés du séisme du 21 mai 2003 », comme l'indique la réquisition du 14 décembre 2004 signée par le wali délégué de Dar El Beïda, Abdellah Benmansour. Expulsées vers des chalets à Régahïa, les huit familles, exploitant l'EAC n°6, dont l'un des membres, Mohammed Bourahla est le président de l'association des gérants des abattoirs d'Alger, ne lâchent pas prise. Déjà, en date du 24 août 2004, en présence d'un responsable de l'entreprise chinoise en charge de la réalisation du projet, CSCES, des représentants de l'OPGI de Dar El Beïda en leur qualité de maître d'œuvre, de celui de l'agriculture, du bureau d'études et enfin d'un élu de l'APC, les représentants des familles d'agriculteurs signent un procès-verbal d'installation de clôture de chantier, dans le but de définir les limites exactes du chantier des 700 Logements. Le lendemain de leur évacuation, une entreprise privée des travaux de bâtiment prend position sur cette parcelle de terre et installe une clôture et une pancarte indiquant « projet de réalisation de 60 logements sociaux locatifs », sous la direction de l'OPGI d'Hussein Dey en sa qualité de maître d'ouvrage. « Cet organisme étatique d'habitat était déjà intéressé, au début de l'an 2000, au temps de l'ancien maire M. Chami, par ce terrain. Cette affaire a été portée devant le tribunal d'El Harrach. L'avocat de cet office avait même déclaré au juge que l'OPGI n'était pas concerné par un quelconque projet et qu'il ne possède sur ces lieux, aucune assiette de terrain », précise M. Bourahla. Le 12 février 2005, l'inspecteur des domaines de Dar El Beïda, M. Ben Belili transmet une correspondance à l'OPGI d'Hussein Dey lui intimant l'ordre d'évacuer « dans l'immédiat » l'EAC n° 6 en précisant que ce terrain est « un bien des services des Domaines » donc un bien de l'Etat. Quelques jours plus tard, c'est-à-dire le 20 février dernier, l'APC de Mohammadia, en application de la réquisition portant le n° 14, a procédé à la destruction de la barque servant d'atelier à l'entrepreneur en charge du « projet », qui s'est installé, peut-on lire sur cette missive, « sans autorisation ». Le lendemain, c'est-à-dire 24 heures plus tard, l'entrepreneur revient à la charge et procède à la reconstruction de son « atelier », installe la plaque de 60 logements et une clôture tout autour du terrain, tout cela au su et au vu de tout, y compris les élus de l'APC et sa police d'urbaine. Jeudi dernier, le bureau d'études, affirme M. Bourahla, s'est présenté sur les lieux à 6 h. Il a tenté une opération de traçage pour le lancement des travaux. « Nous l'avons empêché et nous sommes déterminés à aller aussi loin que possible afin de déjouer ce détournement. C'est une dilapidation au nom du président de la République », affirme notre interlocuteur. Et d'ajouter : « S'il s'agit vraiment d'un projet de 60 logements « sociaux locatifs » comme ils veulent nous le faire croire, qu'ils nous apportent alors une notification signée par le wali d'Alger ». Notre interlocuteur ira plus loin en certifiant que le projet de 700 logements sociaux du président de la République a été remplacé « en catimini » par un autre, celui de 60 logements « haut standing », en duplex au profit de cadres de l'Etat. Dans une lettre adressée à la présidence de la République, les exploitants de l'EAC n°6 exhortent le premier magistrat du pays à diligenter une d'enquête afin de mettre la lumière sur cette affaire. Nos multiples tentatives d' apporter la version du P/APC de Mohammadia, M. Chafa et celle du directeur général de l'OPGI, Hussein Dey, M. Rehaïmia sont restées vaines.