Les habitants du quartier Tribou de Bab Ezzouar n'attendront pas jusqu'à l'année prochaine pour organiser une autre manifestation publique. La quatrième en trois ans. Une atmosphère d'émeute planait, hier, sur ce vieux quartier. La protestation de rue improvisée dans la soirée du 13 janvier dernier n'a fait qu'envenimer la situation déjà très tendue entre les habitants et les responsables locaux. Ces derniers se sont même permis, dans la matinée d'hier, de ne pas recevoir, au siège de l'APC de Bab Ezzouar, les délégués des citoyens. Pourtant, le président de l'association de quartier, M. Guellati, a été convié à une réunion avec, entre autres, le président de l'APC, M. Bounab et M. Lounis, chef de cabinet de la wilaya déléguée de la circonscription administrative de Dar El Beïda, territorialement compétente, pour « discuter des problèmes du quartier ». Ceci en l'absence de M. Benmansour, wali délégué. La rencontre devait ainsi se tenir à 10h30. Le président de l'association s'est présenté au siège de l'APC, avec son secrétaire général et cinq autres jeunes de Tribou. La délégation, constituée de sept membres, a attendu plus d'une heure au-delà du rendez-vous initial pour tenir ladite réunion. Entre-temps, le chef de cabinet et le président de l'APC étaient en réunion de « concertation ». « Ils sont en train de préparer ce qu'il faut nous dire », spéculent sans cesse les délégués qui perdent patience au fil des minutes qui passaient. Finalement, M. Guellati a été appelé à assister à une réunion dans le bureau de M. Bounab, sans la présence des autres membres de la délégation. Les représentants de l'APC et de la daïra ont justifié cette position, explique M. Guellati, par le fait que le président de l'association ait reçu une convocation personnalisée. Une proposition d'élargir cette rencontre au secrétaire général de l'association a été aussi rejetée. « Ils (les responsables) comptent sur notre indulgence parce qu'ils savent que nous les respectons. Ils lancent des promesses et nous chargent de calmer les citoyens du quartier. Cela dure depuis deux ans, c'est trop ! », s'emporte M. Guellati. La rencontre n'a finalement pas eu lieu parce que la délégation refuse les conditions ainsi formulées. « Nous voulons travailler dans la transparence comme cela s'est fait avec le wali délégué de Dar El Beïda, M. Benmansour. Il n'y a rien à cacher », estime le président de l'association. Selon un autre représentant, le président de l'APC et le chef de cabinet de la daïra n'ont apparemment rien de concret à présenter aux citoyens de Tribou et ils ont peur de le dire franchement devant tous les membres de la délégation, notamment les jeunes. Ces derniers ont quitté le siège de l'APC avec la rage au cœur, l'esprit surchauffé et en traitant les décideurs à l'échelle locale de tous les noms. Les recommandations de la commission mixte (collectivité locale et représentants des citoyens), installée officiellement le 29 février 2005, sont toujours restées lettre morte. Créée au lendemain des émeutes du 7 février de la même année, cette commission a recensé dans son rapport final 263 familles résidant à Tribou. Le document mentionne que 204 dossiers ont été acceptés tout en recommandant, entre autres, le relogement dans l'immédiat de 89 familles et la nécessité de dégager 56 logements sociaux. Le rapport, déclare-t-on, a été remis à la wilaya en mai 2005. Mis à part un quota de 26 chalets, distribué en août 2006, les conclusions de cette commission et les différentes promesses du wali délégué de Dar El Beïda attendent leur concrétisation. « Les responsables assumeront seuls la suite des événements », fait-on remarquer. D'autres émeutes ne sont donc pas à écarter.