Le président de l'Assemblée populaire de la wilaya de Béjaïa, Ali Rabahi, a convoqué une session extraordinaire pour ce matin, afin de débattre de la situation de la wilaya après les incidents qui ont émaillé, la semaine écoulée, la grève générale des commerçants et des transporteurs de la région. Cette réunion extraordinaire, qui se tiendra en présence du nouveau wali, Mohamed Hattab, sera élargie aux parlementaires et aux 52 maires de la wilaya, a-t-on appris auprès du cabinet de l'APW. La décision du P/APW de convoquer des parlementaires et les P/APC de la région, à cette rencontre, ne manquera pas de provoquer un tollé au sein des élus de l'opposition, notamment ceux du RCD qui considèrent une telle décision d'"anti-réglementaire". En effet, selon Me Nora Ouali, coordinatrice des femmes démocrates du RCD et élue à l'APW, le code de wilaya ne prévoit pas de "session extraordinaire élargie". Elle tient également à dénoncer l'attitude "aussi méprisante qu'irresponsable" du P/APW du fait qu'il ait convié l'ensemble des chefs de groupes d'élus à la réunion tenue mercredi dernier, excepté celui du RCD. Autre grief retenu par l'élue du RCD contre M. Rabahi, le retard mis pour convoquer cette session devant permettre de débattre des débordements de la grève des commerçants. Me Ouali, qui se dit "très sensible" au nombre de mineurs arrêtés dans le sillage des événements de la semaine dernière, nous fera savoir que le groupe RCD à l'APW devait se réunir hier, pour décider de la position à défendre lors de la session d'aujourd'hui. De son côté, Abdellah Kaci , élu FLN à l'APW, fustigera le parti majoritaire, le FFS en l'occurrence, qu'il accusera de "faire dans la récupération politique". "Sinon, pourquoi attendre alors le retour au calme pour décider d'une session extraordinaire alors qu'elle devait être tenue avant le début de la grève ‘anonyme' des commerçants ? Ou, à défaut, pendant l'éclatement des émeutes ?", s'est-il indigné, avant de pointer du doigt toute la classe politique qui, selon lui, n'a pas réagi à temps pour tenter de calmer les esprits. M. Kaci, qui salue "le sang-froid et la sagesse des services de sécurité", se déclare favorable à la mise en place d'une enquête au sein de l'APW en vue de déterminer les instigateurs des dernières émeutes qu'a connues la wilaya. Pour sa part, l'élu du FFS à l'APW de Béjaïa, Me Karim Natouri, estimera que "la dernière grève des commerçants de Béjaïa nous a démontré que l'UGCAA n'est plus représentative, voire pas crédible, du fait que l'appel lancé par ses responsables, invitant les commerçants de la région à ne pas observer de grève, n'a pas été suivi". Notre interlocuteur affirmera que son groupe d'élus à l'APW va interpeller le wali sur "le nombre de blessés et d'arrestations, mais aussi sur les témoignages de certains manifestants qui font état de la présence parmi les émeutiers, de civils qui incitent les jeunes manifestants à commettre des actes de violence". Pour Me Natouri, Béjaïa a connu une situation anarchique, mais il faudrait identifier les auteurs et les instigateurs des scènes de violence qui ne reflètent guère la culture des Béjaouis. En somme, la session extraordinaire d'aujourd'hui est très attendue, mais risque d'être houleuse en raison de la complexité de la question inscrite à l'ordre du jour. KAMAL OUHNIA