La crise politique a pris de nouvelles dimensions avec l'ultimatum fixé vendredi par l'Union africaine à Yahya Jammeh, qui le somme de quitter le pouvoir au plus tard le 19 janvier. Cette prise de position ferme intervient alors qu'une médiation ouest-africaine emmenée par le président nigérian Muhammadu Buhari s'est rendue vendredi à Banjul pour tenter de le convaincre de laisser la place au président déclaré vainqueur, Adama Barrow. Cette délégation a fini par quitter la capitale gambienne dans la soirée, mais en compagnie du président élu, qui a participé hier au sommet France-Afrique à Bamako. C'est dire l'entêtement de Yahya Jammeh à s'accrocher au pouvoir. Durant plusieurs heures, le président du Nigeria mais aussi la Libérienne Ellen Johnson Sirleaf et l'ex-chef de l'Etat ghanéen John Dramani Mahama n'ont pas réussi à le convaincre d'accepter une transition pacifique. Et pourtant, l'Union africaine "cessera de reconnaître le président sortant Yahya Jammeh comme étant le président légitime de la République de Gambie", selon la déclaration finale adoptée vendredi par le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'organisation continentale à Addis Abeba. Yahya Jammeh, qui a subi de nombreuses pressions extérieures pour quitter le pouvoir à la fin de son mandat depuis son revirement, a reçu plusieurs offres, dont celle d'un asile politique au Nigeria. À en croire le site d'informations sénégalais Dakarposte.com, le roi du Maroc a également proposé l'asile politique au président gambien sortant. Pendant ce temps, Adama Barrow a affirmé qu'il serait investi le 19 janvier et se considérerait comme président à compter de cette date. Mais l'avocat de Yahya Jammeh a déposé à la Cour suprême une nouvelle requête pour empêcher la prestation de serment du président déclaré vainqueur. La conséquence de cette situation d'incertitude est l'exode de milliers de Gambiens, qui fuient le pays, en particulier vers le Sénégal, unique voisin terrestre de la Gambie, et la Guinée-Bissau. "Plusieurs milliers de Gambiens se sont rendus au Sénégal ces dix derniers jours pour fuir la tension qui est montée concernant les résultats de l'élection présidentielle", a indiqué vendredi le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). Merzak Tigrine