Le retour des "djihadistes" partis combattre dans les rangs de l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (Daech) fait peur au Canada. Les services de sécurité sont sur le qui-vive depuis que quelque soixante jeunes Canadiens sont rentrés de Syrie et d'Irak. C'est ce que révèle une enquête de Radio-Canada diffusée jeudi soir. Interrogée par les deux journalistes de l'émission, Michelle Tessier, directrice adjointe du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), croit que le Canada est dans la mire de Daech. "En ce qui concerne nos enquêtes sur la menace de la sécurité du Canada, le terrorisme demeure la priorité numéro un. Le Canada est dans la mire de Daech", a répondu Mme Tessier à l'émission "Enquête". Deux attentats terroristes ont été perpétrés par des Canadiens qui se sont radicalisés sur internet. Le troisième a été déjoué in extremis en août 2016 à Toronto, grâce à l'alerte donnée par le FBI aux services de sécurité canadiens. Près de 200 Canadiens ont rejoint les groupes terroristes ces dernières années. Mais selon le SCRS, il pourrait y en avoir plus. Ils n'ont pas tous rejoint l'Etat islamique, puisque certains ont pu renforcer les rangs d'autres groupes armés en Afghanistan, en Somalie ou en Libye, précise-t-on à l'émission. La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a créé en 2014, au lendemain de l'attentat au Parlement fédéral à Ottawa, le Centre national des opérations. C'est depuis ce centre que la GRC suit à la trace ceux qui reviennent du Moyen-Orient. En dépit des moyens dont est doté le centre, la police assure son incapacité à suivre de près tous ceux qui reviennent au pays. Entraînés au maniement des armes et aux techniques de guerre, ces jeunes radicalisés peuvent représenter, en effet, une menace sérieuse à la sécurité des Canadiens. Pour éviter que d'autres jeunes renforcent les rangs de groupes terroristes, la GRC mise sur la prévention, tout en évitant de criminaliser toute une communauté. Elle cible des jeunes immigrants qui arrivent de pays totalitaires où la police est souvent corrompue. Le Canada fait partie de la coalition internationale en guerre contre l'Etat islamique. Sur le terrain des opérations, elle porte soutien et assistance aux rebelles kurdes engagés dans la guerre contre Daech. L'armée canadienne a cessé les frappes contre les terroristes de l'Etat islamique depuis le 22 février 2016. La décision avait été prise par la nouvelle administration du gouvernement libéral de Justin Trudeau. Y. A.