Le Canada qui est engagé militairement au sein de la coalition internationale anti-Etat Islamique (EI) en Irak et en Syrie, a été frappé sur son sol jeudi, pour la première fois de son histoire, par le terrorisme après deux attaques en trois jours contre des soldats et le Parlement fédéral menées par des tireurs aux idées proches des terroristes. Les deux jeunes assaillants sont "nés et (ont été) élevés dans ce pays pacifique", a déclaré le Premier ministre Stephen Harper devant les députés à la Chambre, qui ont repris jeudi leurs travaux, bien décidés à ne pas céder à la menace "terroriste" intérieure. Jusqu'à lundi, le Canada n'avait jamais été frappé par un attentat lié à l'extrémisme islamiste. Avec sa participation à la guerre en Afghanistan, où 158 soldats canadiens sont morts entre 2003 et 2011, puis l'engagement d'Ottawa dans la campagne aérienne en Libye, en 2011, et son récent ralliement à la coalition militaire contre le groupe Etat islamique en Irak, les autorités étaient cependant bien conscientes du risque d'attaque. Plusieurs tentatives d'attentats à la bombe ont ainsi été déjouées depuis le 11-Septembre et la police a démantelé plusieurs réseaux, qui visaient notamment le Parlement, la Bourse de Toronto ou encore un train de passagers.Selon les premiers éléments des enquêteurs, Couture-Rouleau et Zehaf-Bibeau ont agi sans complices, et la préméditation de leurs actes n'a pas encore été démontrée. Il n'y a "aucun renseignement faisant un lien entre les deux attentats", a noté jeudi le chef de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Bob Paulson. Les deux hommes avaient récemment été gagnés par les thèses de l'islam radical et mercredi soir Martin Couture-Rouleau a été présenté par le Premier ministre canadien Stephen Harper comme "un terroriste inspiré par le groupe armé Etat islamique". Les deux tueurs souhaitaient en outre se rendre au Moyen-Orient et au Maghreb, ont indiqué les autorités. Couture-Rouleau avait été empêché in extremis en juillet d'embarquer pour la Turquie, porte d'entrée pour la Syrie et l'Irak en guerre. Son passeport lui avait été retiré à cette occasion. Zehaf-Bibeau souhaitait pour sa part se rendre en Syrie, selon ce qu'a indiqué mercredi sa mère à la GRC. Il avait soumis une demande de passeport, et sans lui refuser, les autorités menaient actuellement une enquête sur lui afin de déterminer ses motivations, a dit M. Paulson. La détermination du gouvernement reste entière. La lutte contre le terrorisme va "redoubler", a promis Stephen Harper qui s'est rendu à l'évidence que "le Canada n'est pas à l'abri de ce genre d'attaques terroristes". Cependant, la communauté musulmane canadienne craint un amalgame. R. I.