Le groupe Etat islamique (EI) recrute jusque dans la capitale fédérale canadienne Ottawa, selon la Gendarmerie royale qui a annoncé mardi, l'arrestation d'un homme accusé d'animer une cellule de recrutement pour le jihad en Syrie et en Irak. La police a arrêté mardi Awso Peshdary, 25 ans, accusé d'organiser et de financer une filière envoyant des apprentis jihadistes canadiens au Moyen-Orient, pour grossir les rangs de l'organisation EI. Les autorités canadiennes ont émis des mandats d'arrêts internationaux contre deux autres hommes, John Maguire et Khadar Khalib, soupçonnés d'avoir profité de ce réseau pour partir combattre sous la bannière noire de l'EI. «Nous avons été en mesure de déstabiliser un réseau organisé associé à l?Etat islamique, qui recrutait des personnes pour les envoyer en Syrie et en Irak dans le but de commettre des actes terroristes», a affirmé le commissaire adjoint de la Gendarmerie royale du Canada(GRC), James Malizia, en conférence de presse. Originaire d'Ottawa, Peshdary avait été arrêté une première fois en 2010 dans le cadre d'une enquête sur un groupe terroriste ayant des ramifications en Afghanistan et au Pakistan, et qui projetait des attentats à la bombe au Canada. Rapidement relâché, il a depuis multiplié les appels au jihad sur les réseaux sociaux. Son interpellation est liée à celles, début janvier, des frères jumeaux Larmond, Ashton Carleton et Carlos, 24 ans. Le premier avait été arrêté à Ottawa, et le second à l'aéroport de Montréal où il était en partance pour l'étranger afin de «participer à des activités terroristes», selon la police. Trois jours plus tard, un autre homme d'Ottawa «radicalisé» avait été arrêté et accusé de «participation à une activité terroriste». Individus radicalisés Peshdary et les frères Larmond «avaient des activités sociales communes, ils se connaissaient», a noté Jennifer Strachan, chargée de l'enquête, attestant la thèse d'une cellule de recrutement au cœur de la capitale fédérale. Peshdary est également proche de John Maguire, l'un des deux hommes visés par les mandats d'arrêts internationaux émis mardi. Ancien étudiant à l'université d'Ottawa, Maguire aurait rejoint les combattants de l'EI en Syrie en décembre 2012. Il apparaissait début décembre dans une vidéo tournée vraisemblablement en Syrie et dans laquelle il menaçait de frapper le Canada. Se faisant appeler «Abu Anwar al-Canadi», il aurait perdu la vie à 23 ans en décembre, en combattant avec l'EI près de la ville syrienne kurde de Kobané, récemment libérée des jihadistes. La GRC n'a «aucune preuve concluante qui puisse confirmer son décès» et l'a accusé par contumace de «facilitation d'une activité terroriste». L'enquêteur Jennifer Strachan a relevé que Awso Peshdary avait «envisagé de voyager avec Maguire» en Syrie et que tous deux ont «comploté pour envoyer d'autres Canadiens en Syrie pour joindre le groupe EI». L'autre Canadien accusé par contumace, Khadar Khalib, 23 ans, est poursuivi pour avoir quitté le Canada pour la Syrie, fin mars 2014, afin de «participer aux activités d'un groupe terroriste». «Ces accusations, comme les arrestations liées au terrorisme dans les dernières semaines soulignent que des individus au Canada ont été radicalisés» et sont prêts à opérer des actes violents, a observé James Malizia. Le Canada a été pour la première fois la cible d'attaques à caractère jihadiste en octobre. Un Québécois radicalisé avait tué un militaire avec son véhicule au sud de Montréal et deux jours plus tard, un jeune Canadien, en rupture avec la société, avait assassiné un soldat aux abords du Parlement d'Ottawa, avant d'être abattu au coeur de l'enceinte fédérale. «Le visage du terrorisme au Canada est diversifié et en constante évolution», a averti James Malizia, notant que «les organisations terroristes deviennent incroyablement sophistiquées». L'armée canadienne participe aux frappes de la coalition internationale contre l'EI en Irak, où les forces spéciales, aux côtés de l'armée irakienne et des milices kurdes, ont dû combattre au sol des membres de l'EI fin janvier.