Plusieurs chantiers de raccordement au gaz naturel sont à l'arrêt dans des communes de la wilaya de Béjaïa. La cause ? Les entreprises en charge de ces projets de réalisation n'ont pas été payées depuis le mois de juillet dernier. Pis encore, certains patrons ont dû, la mort dans l'âme, réduire de moitié les effectifs et vendre leur matériel ainsi qu'une partie du parc roulant. Conséquences, le retard du raccordement en gaz naturel sera difficilement rattrapé, craignent les chefs de ces entreprises, organisés au sein de l'Association nationale des entreprises d'électricité et gaz (Aneeg). Ces chefs d'entreprise se sont réunis, avant-hier, à l'hôtel Cristal 2 de Béjaïa pour débattre de cette situation. Un seul point à l'ordre du jour : le non-paiement des situations des entreprises depuis bientôt six mois. "Nous sommes ici pour débattre de notre problème majeur, qui est le non-paiement de nos entreprises par les sociétés de distribution de Sonelgaz", a déclaré Remila Hanafi, vice-président de l'association Aneeg. Et d'ajouter que leurs créances s'élèvent à quelque "170 milliards de centimes". Devant cette situation, les entreprises ont été contraintes d'arrêter les travaux de réalisation dans plusieurs communes de la wilaya. "Nous avons tenu plusieurs réunions avec le directeur de la Société de distribution Est-direction de distribution (SDE-DD) de Béjaïa relevant du Groupe Sonelgaz. En vain. Nous avons même saisi le Premier ministre dans une lettre ouverte", précisera notre interlocuteur. Pour ce dernier, le raccordement au gaz naturel est sérieusement compromis dans la wilaya de Béjaïa, qui est déjà à la traîne par rapport à la moyenne nationale. Actuellement, les entreprises sont à l'arrêt et certaines d'entre elles, déplorera M. Remila, ont procédé à la vente de leur parc roulant pour honorer les salaires de leurs employés et leurs fournisseurs. À l'issue de leur réunion, ils ont décidé de mettre en demeure la filiale du groupe Sonelgaz à Béjaïa. Il y a lieu de signaler qu'il s'agit de projets inscrits dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014. Lors de leurs rencontres avec le directeur de la SDE-DD Béjaïa, ce dernier leur a déclaré, selon M. Remila, que "les 75% du montant financier représente la participation de l'Etat via le Trésor public". Il faut dire que les créances de la SDE-DD Béjaïa sont énormes. En effet, quelque 166 800 000 000 de centimes sont dus par la SDE rien qu'aux 32 entrepreneurs présents à la réunion. 25% de cette somme, explique M. Remila, sont à la charge de la SDE et les 75% restants représentent la participation de l'Etat à l'opération d'alimentation des foyers en gaz naturel. Le directeur de la distribution a déclaré, sur les ondes de la radio locale, qu'il ne peut honorer les factures tant qu'il n'a pas reçu l'argent de l'Etat. Aussi, les entrepreneurs, pour ne pas être asphyxiés financièrement, ont demandé le remplacement de la caution de bonne exécution — qui est de 5% et qui est avancée par les entrepreneurs — par une caution de garantie, de sorte qu'elle puisse être remboursée aux entrepreneurs suivant les travaux réalisés. La direction de la distribution a donné son accord qu'elle a subordonné à un délai de paiement des factures de 24 mois et après la réception provisoire des travaux. Le collectif des entrepreneurs lors de sa réunion du 17 décembre 2016, a rejeté intégralement ces conditions et demandé qu'on lui établisse des ODS d'arrêt des travaux avec un transfert des ouvrages en cours de réalisation vers la direction de la distribution et du paiement des travaux réalisés par chaque entreprise. Et c'est là l'une des entraves à un accord entre les deux parties. Intervenant sur les ondes de la radio Soummam, le directeur de la Sonelgaz a reconnu en substance que son groupe bute sur un problème de trésorerie. Néanmoins, il a tenu à rassurer ces chefs d'entreprise qu'il a saisi sa tutelle sur ce problème du non-paiement de leurs créances. Il y a lieu de rappeler que les créances de la SDE-DD de Béjaïa s'élèvent à plus de 184 milliards de centimes auprès de ses abonnés, privés et publics. Des créances qui fragilisent la santé financière de l'entreprise pour ses projets d'investissements et la continuité de service. M. Ouyougoute/L. OUBIRA