Le grand déballage sur le règne de Hassan II prend fin à la fin du mois. Plus jamais ça, promet son successeur dont la commission “Instance, équité et réconciliation” (IER) peaufine les recommandations, après avoir auditionné des victimes de ces “années de plomb”. Il s'agit, selon l'IER, de tirer des enseignements des témoignages de victimes, pour tourner la page des années noires du règne du père de Mohamed VI. Les séances, diffusées depuis le 21 décembre 2004 sur une chaîne de télévision nationale, ont réuni des victimes, des parents de victimes, des experts nationaux et internationaux et des représentants de la société civile et du champ politique marocain. Ce travail se poursuit jusqu'à la fin du mois et donnera lieu à une “réflexion franche et responsable sur les contextes politique, intellectuel et historique des violations passées des droits de l'Homme”, qui servira à l'élaboration de projets et de programmes d'action “consacrant l'Etat de droit et des institutions, protégeant les libertés et contribuant au non-renouvellement de ces violations”. Plusieurs auditions des victimes de violations des droits de l'Homme durant les années 1960-99 ont eu lieu à Rabat et dans différentes régions. Elles ont été saluées par des organisations de défense des droits de l'Homme tout en suscitant des réserves, notamment du fait que les témoins doivent s'abstenir de nommer les responsables des violations commises. Insuffisant pour l'Association marocaine des droits humains (Amdh), qui a annoncé l'organisation d'auditions “parallèles” de victimes des violations des droits de l'Homme dans le royaume, où les vérités ne seraient “ni tronquées ni manipulées”. Les fidèles de Hassan II accusent, eux, Mohamed VI de “parricide”. Il reste que c'est une première dans le monde arabe, bien que la mesure doit également obéir à d'autres logiques comme, par exemple, la mise à l'écart de clans contre les ouvertures modernistes du successeur de Hassan II. Le Makhzen, pierre angulaire du pouvoir au Maroc, vit mal le dépouillement de ses prérogatives. Par contre, en ce qui concerne l'affaire du Sahara occidental, le jeune roi reste fidèle à la politique de son père. Pourtant, c'est une question de décolonisation, donc, de droits de l'Homme. D. B.