Le roi du Maroc Mohammed VI vient d'être symboliquement détrôné dans un sondage qui a désigné l'homme de l'année. Organisé par l'hebdomadaire marocain Al Jarida Al Oukhra, cent personnalités marocaines ont désigné le président de l'Instance Equité et Réconciliation (IER), Driss Benzekri, comme “l'homme de l'année 2005” au Maroc. Le choix est d'autant plus significatif que Benzekri est un militant d'extrême gauche, incarcéré pendant dix-sept ans sous le règne du père de Mohammed VI, Hassan II, dont l'IER a fait le procès et que préside justement l'homme de l'année au Maroc. L'IER n'est pas allée de main morte pour dénoncer les violations des droits de l'homme au cours des années de plomb du règne de Hassan II. Son rapport accablant a été remis au roi en novembre 2005, après trois années d'auditions publiques de victimes et parents de victimes. Mohamed VI n'a pas encore rendu public le document mais la fin de l'impunité pour les auteurs d'exactions et des excuses publiques de l'Etat figurent parmi les recommandations des auteurs du rapport. La désignation de Benzekri est d'autant plus remarquable également qu'au Maroc, la monarchie a été toujours considérée de “droit divin”. Un pavé dans la mare ! Mohammed VI est classé derrière le président de l'IER. L'establishment (Palais royal, Makhzen et institutions) a réagi vigoureusement. Le ministre en charge des relations avec le Parlement, Saâd Al Alami, revendique la réorganisation des sondages en estimant que le roi ne devrait jamais figurer dans les sondages ! Cette campagne, aux yeux des responsables de l'hebdomadaire par qui le scandale a éclaté, montre que la classe politique marocaine est loin d'être acquise à la modernité dont se défend Mohammed VI. D. B.