Selon des données épidémiologiques fournies à l'APS par la direction locale de la santé, les piqûres de scorpion ont fait pas moins de 2 348 victimes, dont deux sont décédées, durant l'année 2016, dans les différentes localités de la vallée du M'zab. Comparé à l'année 2015, la wilaya de Ghardaïa avait enregistré 2.130 cas de victimes de piqûres de scorpion. Selon la même source, sur les quatre communes de la wilaya de Ghardaïa, la commune de Guerrara détient le triste record des piqûres scorpioniques, avec 603 cas, suivie des communes de Ghardaïa (553), Berriane (293), El-Menea (283), Bounoura (175), Zelfana (76), Hassi-Lefhal (83), Daya Ben Dahoua (80) et Métlili (64). Tout porte à croire que la prolifération de cet arthropode dans cette wilaya est due au contexte bioclimatique et de la scorpio-faune riche et diversifiée de cette région aride. En effet, en sus de l'aridité du climat, l'insalubrité publique et la dégradation de l'environnement, Ameur Benaïssa, directeur de la santé de Ghardaïa, estime que le nombre de piqûres de scorpions et l'inoculation accidentelle de leur venin va crescendo durant la période estivale. Selon la même source, l'envenimation par la piqûre du scorpion constitue la première cause des intoxications et d'empoisonnement dans la wilaya et nécessite des campagnes de sensibilisation continues et récurrentes pour lutter contre ce fléau. D'où la nécessité, pour les pouvoirs publics, d'intensifier la lutte contre l'insalubrité pour faire face à ce phénomène fréquent particulièrement en période des grandes chaleurs. À leur tour, de nombreux praticiens de la vallée du M'zab ne sont pas restés indifférents puisqu'ils ont exprimé leur mécontentement quant à la dégradation de la situation environnementale et le manque de civisme chez des habitants qui jettent leurs ordures dans des lieux inappropriés. Ce qui attire ces insectes venimeux. Beaucoup d'entre eux considèrent qu'il est urgent d'intensifier le ramassage des scorpions et d'entreprendre des actions de sensibilisation en direction des populations pour leur apprendre comment réagir face à une piqûre de scorpion. Dans ce contexte, Dr Mustapha Khenine appelle les adeptes de la médecine traditionnelle à se méfier des produits de phytothérapie en vente libre utilisés pour lutter contre les piqûres de scorpions, et à se rapprocher plutôt des structures de santé de proximité qui disposent d'antidote anti-scorpionique. Faute de financement, l'année 2016 a été marquée, malheureusement, par l'absence de campagnes de ramassage de scorpions dans les différentes communes de cette wilaya du sud du pays, selon les responsables des bureaux d'hygiène des communes de la wilaya de Ghardaïa. Pourtant, lors d'une rencontre régionale de formation et de sensibilisation sur la lutte contre l'envenimation scorpionique, organisée à Ghardaïa en mars 2016, les participants à cette manifestation ont appelé les pouvoirs publics, les collectivités locales et les citoyens à accroître leur soutien pour la préservation de l'hygiène environnementale dans les zones urbanisées, et ont estimé nécessaire de réfléchir à la mise en place de plans de lotissement destinés à l'habitation loin des gîtes de scorpions. Il faut signaler que la région de Ghardaïa compte trois espèces de scorpions, venimeux et dangereux, de couleur noire, jaune et ocre, qui se manifestent souvent en période estivale dans les sites rocheux, les maisons construites en pierre et dans les lieux désertiques. Selon des sources médicales, les enfants en bas âge sont les plus vulnérables à leurs piqûres, devenues un véritable problème de santé publique dans les régions du sud du pays. Le coût de la prise en charge des victimes s'élevant à plus de 15 000 dinars par personne hospitalisée, le phénomène appelle à la conjugaison des efforts de l'ensemble des secteurs ainsi que des campagnes de sensibilisation en direction des citoyens, afin de réduire ce fléau. Il faut dire que l'insalubrité publique, l'insuffisance de l'éclairage public et le manque d'éducation sanitaire, sont les principaux facteurs favorisant la prolifération de ces scorpions venimeux dans les zones urbanisées et d'habitation.