Le cabinet d'études et de conseil ECOtechnics estime que les données de l'Office national des statistiques (ONS) sur le chômage font état de plusieurs phénomènes majeurs. Dans une analyse publiée sur son site www. conjoncture-dz.com, dédié à l'analyse de la conjoncture de l'économie algérienne, le cabinet rappelle que selon l'ONS, en septembre 2016, le taux de chômage a atteint 10,5%, soit une baisse de 6,2% comparativement à septembre 2015. Il demeure, cependant, au-dessus du taux enregistré en avril 2016 (9,9%). "Mais comme il peut y avoir un important effet saisonnier dans l'évolution, il est préférable de se référer à septembre 2015", souligne ECOtechnics, expliquant la baisse "par le recul du nombre de chômeurs, soit moins de 65 000 (-4,9%) entre septembre 2015 et septembre 2016. La population occupée du moment a augmenté de 2,4%. La création nette d'emplois avoisine 251 000 postes, un niveau largement inférieur à ce qui a été réalisé en 2015 (+355 000 postes : septembre 2015-septembre 2014)". ECOtechnics relève une importante divergence par sexe quant à l'évolution du taux de chômage : -18,2% chez les hommes contre +20,5% chez les femmes. Près de 22 000 emplois occupés par les femmes ont été perdus entre septembre 2015 et septembre 2016, situation aggravée par une demande grandissante : +95 000 nouveaux chômeurs (+24,7%). La création nette d'emplois est estimée à près de 273 000 emplois chez les hommes et le nombre de chômeurs a baissé de 17%. Le deuxième phénomène évoqué par le cabinet d'études "est la forte croissance du taux de chômage des universitaires (+18%), alors qu'on assiste à une baisse significative dans les autres catégories, particulièrement les sans instruction (-28%) et ceux de niveau moyen (-21%). Ceci dévoile l'ampleur du fossé entre l'université et le marché de travail". Le troisième phénomène, assez inquiétant selon ECOtechnics, concerne la précarité dans l'emploi. "Le nombre de salariés non permanents a augmenté de 18% (+527 000) au détriment des salariés permanents (-8%, soit -366 000). En septembre 2015, ces chiffres étaient respectivement de -21% (-768 000) et +25% (+902 000)", constate le cabinet. "Il faut noter que près de 28% des chômeurs occupaient un emploi non permanent auparavant", a-t-il ajouté. Le cabinet d'études et de conseil ECOtechnics relève un autre phénomène tout aussi inquiétant : la décélération de la création d'entreprises. En septembre 2016, le nombre d'employeurs et indépendants n'a augmenté que de 3% (+91 000) contre 8% (231 000) en septembre 2015. Enfin, dernier phénomène majeur observé par le cabinet d'études, la très forte hausse de l'emploi dans le BTP (+119 000) qui semble se développer en dehors de la demande publique. Les taux de croissance de la valeur ajoutée étaient assez importants sur les trois premiers trimestres de l'année (+4,5%, +8,3% et +5,2% respectivement). En revanche, le secteur agricole (-52 000) semble subir les effets des aléas climatiques qui ont fortement contraint ses performances ces dernières années. "Pour la deuxième année consécutive, nous constatons une très forte croissance des effectifs de l'industrie manufacturière : +87 000 malgré le ralentissement de la croissance (4,8%, 3,4% et 2,8% de croissance de VA sur les trois premiers trimestres contre 5,3%, 4,2% et 4,5% respectivement en 2015)", indique ECOtechnics, relevant la difficulté d'analyser "l'évolution dans le secteur des services en raison de la persistance de l'ONS à englober dans un même secteur d'activité les services proprement dits, le commerce ainsi que l'administration". ECOtechnics constate une forme de croissance "autonome" du secteur du BTP et de l'industrie par rapport à la stagnation de la demande publique. "S'il se confirmait, ce phénomène serait porteur de perspectives positives pour l'économie, moins pessimistes que celles qui tablent sur les seules perspectives budgétaires", estime ECOtechnics. Meziane Rabhi