La marche des syndicats autonomes s'est ébranlée à 10h de la placette de l'ex-mairie de Tizi Ouzou pour prendre le chemin du siège de la wilaya, via le boulevard Houari-Boumediene. Ni les entraves des services de sécurité ni le temps pluvieux de la matinée d'hier n'ont empêché des milliers de travailleurs venus des quatre coins du pays de rallier Tizi Ouzou, "capitale des libertés et de la démocratie", comme l'ont qualifiée les représentants syndicaux pour participer à la marche initiée par la coordination intersyndicale. Interdite initialement par la police, qui a fini par céder devant la pression des manifestants dont le nombre est estimé à plus de 5 000, la marche des syndicats autonomes s'est ébranlée à 10h de la placette de l'ex-mairie de Tizi Ouzou pour prendre le chemin du siège de la wilaya, via le boulevard Houari-Boumediene. Les banderoles et autres pancartes déployées tout au long de cette manifestation laissaient facilement conclure que la plupart des wilayas du pays étaient représentées. Au total, quatorze syndicats autonomes auxquels se sont joints des militants politiques, notamment des élus à l'APW, des deux partis d'opposition les mieux implantés dans la région, le FFS et le RCD, ont pris part à cette action organisée dans l'objectif de revendiquer le retrait de la loi sur la retraite, l'annulation du nouveau code du travail et le droit de participation au dialogue social. À travers cette marche, la coordination syndicale tenait également à dénoncer la dégradation du pouvoir d'achat des travailleurs et réclamer plus de justice sociale. Tout au long de l'itinéraire menant vers la wilaya, des slogans dénonçant le pouvoir, ses lois antipopulaires et son plan d'austérité fusaient de la foule. "Y en a marre de ce pouvoir", "Ya Sellal, Ya Sellal, la coordination n'est pas l'UGTA", "Non aux lois de la honte", scandait-on. Sur les centaines de pancartes brandies on pouvait lire, entre autres, "Austérité pour le citoyen, gaspillage pour le député", "Non à l'appauvrissement du travailleur", "Pour le retrait des lois sur la retraite et le travail", "La Coordination des syndicats autonomes déterminée". La marche avançait péniblement en raison de la circulation automobile et s'est transformée en rassemblement une fois devant l'entrée de la wilaya. Lors d'une prise de parole sur place, le président du Syndicat des praticiens de la santé, Lyes Merabet, a expliqué que "si cette marche a réussi, c'est parce que le travailleur algérien est en train d'être affamé, mais il n'acceptera pas d'abdiquer devant ceux qui en sont responsables". "Cette mobilisation massive est un message pour le gouvernement qui doit désormais comprendre que l'UGTA n'est pas le vrai représentant des travailleurs et que s'il veut un vrai dialogue, c'est avec les syndicats autonomes qu'il doit l'initier", lancera le président d'un autre syndicat en prenant la parole. "Lorsqu'on a en face un gouvernement sourd, il ne nous reste que la rue et nous leur disons que sortir dans la rue est un acte qu'on pratique dans les pays les plus civilisés", dira le président du Cnapest comme pour anticiper d'éventuelles et habituelles accusation de servir la main de l'étranger ou de nuire à la stabilité du pays. "On nous a menti au sujet de la loi sur la retraite et celle sur le travail. Ce sont des lois en faveur du patronat. On veut réduire le travailleur à la misère. Ce sont des lois de la honte et de l'esclavagisme que le gouvernement est en train de promulguer", dira un autre représentant de la Coordination. Il est à noter que des membres de la Coordination ont dénoncé l'empêchement de plusieurs groupes de syndicalistes venus des autres wilayas de rallier la marche. Samir LESLOUS