Résumé : Farid rentre à la maison et trouve son épouse et sa belle-famille en train de dîner. Il demande après Feriel, et Karima lui apprend qu'elle jouait avec la fille de la voisine d'en face. Son beau-père le sermonne alors sur son inconscience. Le vieil homme ricanait. Karima qui appréhendait une réaction orageuse de son époux s'empressa de répondre en pinçant la cuisse de ce dernier. - Papa, je t'en prie, laisse-nous dîner tranquillement. - Oui, ma fille. Tu as raison. Je ne devrais pas déranger ton mari, alors qu'il est en train d'avaler un dîner qu'il ne mérite pas. N'étaient ma maigre pension et ton salaire, je ne sais pas ce que vous seriez devenues, ta fille et toi. Heureusement pour vous que je possède aussi cet appartement, car ce vaurien n'est même pas capable de vous héberger. - Papa, s'il te plaît, ne dramatise pas les choses. Outré, Farid se lève en renversant son bol de soupe. - Très bien, j'ai compris. Ma présence vous dérange. Je vais partir tout suite. Et j'emmène ma fille. Vous pouvez garder la vôtre pour profiter pleinement de son salaire. Karima se frappe la poitrine. - Farid ! Tu ne vas pas faire ça ! - Viens donc m'en empêcher. Il endosse son veston et elle agrippe sa manche, mais Farid se dégage. Il se rend dans sa chambre et commence à empiler quelques affaires dans un cabas. Karima le suit. - Non. Ce n'est pas sérieux. Tu ne vas pas partir ! - Je n'ai jamais été aussi sérieux de ma vie, Karima. Ton père m'a toujours pris en grippe. Je mange son pain et habite chez lui. Il estime avoir tous les droits sur moi et ne rate aucune occasion pour me ridiculiser ou me dévaloriser. Même si je ne suis pas riche, j'ai tout de même une dignité, Karima. Ton père a assez abusé de ma patience. Ce soir, il a poussé le bouchon trop loin. - Attends, Farid. Ecoute-moi. Moi aussi je viens d'avoir une scène avec mon père et ma mère. Et c'est à cause de toi. Pense un peu à nous, à notre fille. Il lui fait face et lui prend la main. - C'est pour elle que j'ai tout supporté. Et aussi pour toi. Mais ce soir, c'est trop fort. Je ne vais pas me courber devant ton vieux ringard de père. Karima fond en larmes. - Je ne te laisserai pas partir, Farid. Tu disais qu'on allait quitter les lieux pour habiter dans notre propre appartement. Partons tout de suite si tu veux. Mais ne m'abandonne pas. Partons ! Partons tout de suite, Farid. Il dépose son cabas et se laisse tomber sur le lit. - J'aimerais bien. Mais je dois encore de l'argent à mes créanciers. - Tes créanciers ? - Oui. J'ai dû hypothéquer cet appartement pour obtenir un prêt bancaire - Et alors ? N'est-ce pas qu'il y a un délai de payement ? - Certes. Mais comme je n'ai pas encore versé les premières mensualités, je risque de tout perdre si je n'honore pas mes engagements le mois prochain. - C'est-à-dire que nous risquons de perdre l'appartement ? - Tout à fait. C'est pour cela que j'hésite encore à emménager. (À suivre) Y. H.