Ce n'est pas encore la guerre ouverte, mais c'est un avis de tempête : le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes), visiblement irrité par la correspondance du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique contestant sa légitimité au motif de l'existence de deux directions après les récents incidents à l'université Alger III, a annoncé l'observation d'une journée de protestation le 6 mars prochain à travers l'organisation d'une grève sous le thème : "Sauvons l'université". Dans un communiqué qui a sanctionné la tenue d'un conseil le 21 février à Alger en présence de 27 sections, le Cnes égrène une série de revendications autour desquelles, il a appelle le ministère de tutelle à la nécessité de l'ouverture de "négociations immédiates". Outre l'ouverture d'un dialogue autour de la révision de la grille des salaires, les enseignants réclament la prise en charge du dossier du logement, la démocratisation de l'université à travers l'élection de tous les responsables, "meilleure solution, disent-ils, pour concrétiser la transparence dans la gestion et la lutte contre la corruption, le clientélisme et la dilapidation des deniers publics", l'ouverture de négociations autour du "statut" de l'enseignant universitaire et la levée de la bureaucratie qui "entrave" leur parcours et enfin "stopper la régression" qui touche l'opération pédagogique en se "pliant aux directives des hautes autorités du pays en considérant le secteur stratégique en l'exemptant de la politique d'austérité". "Le Cnes demande au ministère de tutelle de cesser de s'abriter derrière le prétexte du conflit préfabriqué" avec la prétendue autre aile du Cnes et de "toucher au droit à l'exercice syndical, un acquis depuis 25 ans", note le texte. Au lendemain des incidents qui ont secoué l'université Alger III le jeudi 16 février dernier, le ministère a adressé une correspondance au coordonnateur du Cnes, Abdelmalek Azzi, dans laquelle il lui rappelait une soi-disant "illégitimité" de la direction, comme pour justifier les dérives qui ont accompagné l'élection du bureau du Cnes ce jour-là et marqué par des violences à l'égard de certains enseignants. "Nous dénonçons avec fermeté cette correspondance qui relève de l'hérésie politique et qui traduit un état hystérique de ceux qui doutent de la réussite de notre syndicat dans la mobilisation des enseignants", selon le communiqué. Selon le Cnes, "elle lève le masque sur un plan visant à fabriquer un coordonnateur fantôme en la personne de Milat Abdelhafid, utilisé comme pion pour casser notre syndicat". Rappelant qu'il dispose de tous les documents attestant de sa légitimité, le Cnes considère que la persistance de ces tentatives de "provocations et de menaces" à l'égard du syndicat ainsi que cette "orientation" sont de nature à semer le doute sur le "rôle occulte de certaines parties au ministère" et qui seraient derrière la "préfabrication" d'un groupe de syndicalistes "obséquieux". Karim Kebir